COVID-19:Une entréprise Russie sous sanction americaine fabrique des respirateurs que la Russie fournit aux Américains.

Un avion de transport militaire russe transportant du matériel médical, des masques et des fournitures atterrit à l’aéroport international JFK lors de l’épidémie de coronavirus (COVID-19) à New York, New York, États-Unis, le 1er avril 2020.

Pour soutenir les Etats-Unis face au coronavirus, la Russie a envoyé un avion militaire chargé de matériel médical. Ironie de l’histoire : des respirateurs faisant partie du lot auraient été fabriqués par une entreprise… sous sanctions américaines.

Des respirateurs livrés par la Russie aux Etats-Unis pour des patients atteints de coronavirus auraient été fabriqués par une société russe soumise à des sanctions américaines. C’est ce qu’a rapporté le 3 avril le quotidien russe RBC.

Un avion militaire russe transportant des respirateurs ainsi que d’autres fournitures médicales, y compris des équipements de protection individuelle, a atterri le 1er avril à New York après un entretien téléphonique entre le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine. Le journal RBC affirme que sur des images du déchargement de l’avion diffusées par la télévision russe, on pouvait voir des boîtes de respirateurs Aventa-M, produits par l’Ural Instrument Engineering Plant (UPZ) dans la ville de Tcheliabinsk, à 1 500 km à l’est de Moscou. L’UPZ fait partie d’une société holding appelée Concern Radio-Electronic Technologies (KRET), elle-même intégrée au conglomérat d’Etat russe Rostec. Et c’est précisément la société KRET qui est sous le coup de sanctions américaines depuis juillet 2014, ce qui signifie concrètement que les entreprises et les ressortissants américains ne peuvent pas faire affaire avec elle.

Pour compliquer encore les choses, le transport de fournitures médicales aurait été en partie pris en charge financièrement par le Russian Direct Investment Fund (RDIF), un fonds souverain russe qui, comme Rostec, a été inscrit sur la liste noire américaine en 2014. Cette instance évoque même sa coopération «avec des partenaires américains» dans la production de matériel médical.

Selon un porte-parole du département d’Etat américain, les sanctions contre RDIF ne s’appliqueraient toutefois pas au domaine du matériel médical. KRET, cependant, figure sur la liste des sanctions SDN (personnes spécialement désignées) la plus stricte, ce qui signifie qu’il est interdit aux citoyens américains et aux résidents permanents de faire affaire avec elle. Ainsi, si la lettre des sanctions n’a pas été violée, l’esprit l’a certainement été.