La majorité de la population guinéenne est constituée de femmes. C’est un fait indéniable ! La Guinée ne se développera jamais sans la participation effective des femmes. Cependant, la conversation que j’ai suivie en ligne dans une émission d’Espace FM m’a laissé assoiffé sur la question fondamentale que nous devons nous poser sur la participation de nos mères, sœurs, épouses dans la définition des objectifs et des rôles pour la transition.
Notre pays a toujours créé des conditions adverses pour l’éducation féminine. Conséquemment, nous avons un pourcentage substantiel de filles qui n’ont jamais eu l’égalité des chances pour accéder à une éducation décente. Quoique je supporte la notion de parité pour la participation de nos sœurs au débat national, je pense que ceux qui veulent faire avancer les intérêts de nos sœurs sont en train de réduire le prisme par lequel nous regardons la condition féminine en Guinée en se focalisant sur une éventuelle désignation d’une femme à la primature.
Mettre une femme symboliquement à la primature durant la transition ne résoudra pas les conditions qui accablent nos sœurs ou la nation en général. La nouvelle donnera certainement l’occasion aux troubadours et démagogues de faire croire que la Guinée a rejoint le concert des nations qui respectent la gent féminine. Cependant, cette observation sera loin de la réalité. La culture patriarcale qui domine notre système d’organisation sociale n’en sera pas ébranlée. Elle s’en réjouira certainement sachant bien que le symbolisme muet de cette action ne détruira pas l’édifice masculin.
Ce que nos sœurs doivent exiger pendant cette période est la garantie que les ressources qui seront mises à la disposition des agents de la transition soient orientées équitablement pour encourager la mobilisation politique des femmes guinéennes à participer au recensement, au référendum constitutionnel et à l’élection présidentielle. Leur poids dans l’arène politique sera la base sur laquelle nos futur dirigeants répondront à leurs aspirations légitimes d’être au tour de la table où les décisions concernant notre nation seront prises.
Elles devront aussi exiger leur participation équitable dans l’organe qui sera chargé de définir notre orientale nationale, particulièrement le Conseil National de la Transition. C’est à ce niveau que nos sœurs aideront à codifier (pour les futures générations) le rôle et la place des femmes dans la gestion de notre État.
Il est encore temps de calibrer pour un départ sûr et certain. La possibilité d’avoir des femmes qualifiées, sondées, préparées et capable de répondre au challenge exceptionnel de cette transition politique de notre nation, comme cheffe de la Cour suprême et présidente du Conseil National de la Transition constituera en lui-même un signe certain du changement tant désiré. Toute autre démarche visant à un effet de feu de paille (une femme Premier ministre)[1] nuira la cause féminine pour le futur immédiat et lointain. Ne vous laissez pas distraire ! Il faut garder l’œil sur l’objectif final : la participation effective des femmes dans la vie de notre nation. Patriotisme oblige !
Prêt à servir pas se servir.
Dr. Ablo Bah
Professeur de Sociologie
Columbia, MO USA