C’est conscient que, faire un témoignage sur lui est un travail fastidieux, tellement il aura eu plusieurs flèches à son arc. Un administrateur de banque chevronné, un écrivain prolifique, un militant convaincu et une personnalité loyale, patriote et sage. Dans ce témoignage succinct que je m’engage à faire, pour avoir été presque dans ses baskets, sans prétention aucune, je parlerai de l’intellectuel, du patriote , du loyal, et du militant convaincu.
Le président Kory Kondiano, était un intellectuel au pied de la lettre. Moindre partisan de la théorie, parce qu’il préférait mille fois écrire que discourir. Il incarnait l’intégrité, l’humilité la sagesse et l’honnêteté. Adepte de la méthode pour atteindre la perfection.
Entre lui le Président Alpha Condé, c’est une longue histoire émaillée d’admiration l’un pour l’autre, qui naît en France avant de se transporter au bercail. Il l’appelait « grand frère » et en retour, ce dernier l’appelait jeune frère. Kory Kondiano ne tarissait pas d’éloges, lorsqu’il me narrait dans les détails près, le parcours estudiantin et politique d’Alpha Condé.
TÉMOIGNAGE:
Je me rappelle du jour où, le Président Alpha Condé lui a dit que les députés du RPG ont préféré Amadou Damaro Camara à lui. À dix-neuf heures, il m’appelle à son domicile. Je viens le trouver au salon, en train de suivre la télé. Je m’assois sur le siège qui était à sa droite. Il me demande.
-Kamano, quand j’ai quitté la présidence je ne t’ai plus revu. Je lui réponds.
-Président, j’ai quitté tôt le palais. Il poursuit.
-Bon, je me suis entretenu avec mon grand frère. Il m’a dit (…). En conclusion, c’est que les députés du RPG ont choisi A. Damaro Camara pour occuper le perchoir. Séance tenante, le grand frère m’a chargé d’aller l’annoncer aux députés qui attendaient dans la salle d’audience de la présidence. Je lui ai demandé respectueusement, en tant que président de la république de le faire lui-même. Il a rétorqué, en me disant qu’il ne me le chargeait pas en tant que responsable, mais en tant que grand frère. Moi, curieux et impatient que j’étais, je l’interroge sur la suite.
-Mais, Président qu’est-ce vous avez fait ? Il me répond en riant fort.
-Kamano, je me suis levé pour aller le faire, parce que c’est le grand frère qui l’a demandé. Il poursuit en m’exprimant ce qui le chagrinait en cet instant.
-Kamano, ce n’est pas le fait de quitter le perchoir qui me préoccupe. Mais, c’est le fait de le quitter à un moment où, il a le plus besoin de moi. Tu sais que nous sortons des élections qui traînent encore leurs crises. En ce moment, le grand frère a besoin de collaborateurs loyaux pour surmonter toutes ces crises. Et je crains que tout se complique. J’ai surtout peur qu’on complote contre lui. Il y a des assoiffés de pouvoir qui ne souhaitent pas la paix pour ce pays. Mais aussi, il y a des ambitieux qui sont dans notre propre camp.
Le 3 septembre 2021, alors Haut représentant du chef de l’Etat, il m’invite à le rejoindre au bureau mitoyen à la cour du palais Mohamed V. Je rentre et je le salue.
-Bonjour Président. Visiblement anxieux, il me répond nonchalamment.
-Kamano, tu vas bien ? Les enfants sont là ou à Fria ? Je réponds.
-Ça va Président. Les enfants sont à Fria et ils vont bien. Il me fixe et me dit.
-Kamano, il y a plusieurs jours que j’appelle le grand frère, mais il ne me répond pas. Moi, je lui conseille de se rendre à la présidence. Il me répond.
-Non, ce n’est pas la peine. Je l’ai déjà envoyé un mail. Avant de poursuivre.
-Kamano, je suis inquiet pour lui. J’ai peur qu’il lui arrive quelque chose. Je suis très inquiet pour sa sécurité. Ce climat m’effraie ! Autour de lui il y a trop d’ambitieux …
Militant du RPG, il l’a été pleinement. Kory Kondiano a tout donné au RPG. Étant Président de l’assemblée nationale, un jour je lui dis, après avoir fait le constat que les sections RPG de Kissidougou lui en demandaient de trop pour le parti.
-Président, vous risquez de partager tout votre fond de souveraineté. Il lève sa tête et me répond calmement.
-Kamano, j’ai déjà perdu mon poste de ministre, secrétaire d’Etat au commerce à cause du RPG et autres choses précieuses. Si je partage ce fond de souveraineté je ne le regretterai pas.
Une fois, je l’appelle pour savoir si tout se passait dans sa campagne électorale à Kissidougou. Il me décroche en me disant.
-Kamano, hier j’étais en campagne dans un district où le porte-parole a dit publiquement en présence du Sous-préfet que j’ai été la première autorité a foulé leur sol. Je n’en croyais pas. Je lui demande.
-Mais, président quelle a été la réaction du Sous-préfet. Il me répond.
-Le Sous-préfet s’est confondu en excuses.
L’honorable Kory Kondiano était travailleur acharné. Il n’avait ni jour férié ni jour de repos.
Une autre fois, c’était un dimanche, il m’appelle depuis son bureau sans succès. Le lundi à dix heures, je passe lui dire bonjour. Il m’interpelle.
-Mais, toi tu étais injoignable hier. Tu devais être de ma délégation. Je lui réponds en souriant.
-Président, hier c’était dimanche. Je me reposais. Il me fixe avant de me lancer en pleine figure ce qu’il pense du repos.
-Kamano, vous les guinéens vous aimez beaucoup le repos. Alors que le vrai repos c’est dans la tombe. C’est pourquoi quand quelqu’un meurt, on prie pour qu’il repose en paix.
REPOSE EN PAIX PRÉSIDENT !
Le bilan résumé de sa présidence :
-augmentation du salaire à plus de 300% ;
-recensement biométrique du personnel ;
-affiliation des travailleurs à la CNSS ;
-relance de la diplomatie parlementaire par le paiement des cotisations et création des groupes d’amitié ;
-création d’une radio parlementaire ;
-élaboration des textes structurants de l’assemblée nationale (règlement intérieur, règlement administratif, le manuel procédure etc.…)
Merci au nom des fonctionnaires parlementaires !
Bella Kamano