Ce samedi 06 mai 2023, l’Angleterre couronne son roi Charles III. La cérémonie mobilise plus de 2 mille invités de marques dont une quarantaine de chefs d’Etats à l’abbaye de Westminster. Plus de 2 milliards de téléspectateurs à travers le monde.
Une cérémonie historique qui n’a rien à envier à une finale de coupe de monde ou un quelconque évènement d’envergure mondiale. Avec cette cérémonie, la Grande Bretagne nous démontre que les peuples et les nations doivent en grande partie, leur puissance à leur histoire. Une histoire avec ses civilisations, ses traditions qui résistent aux vicissitudes du temps. Autant dire que nous sommes ce que nous vallons. Nous sommes donc, ce que notre histoire a voulu que nous soyons. Et comme le disait l’autre: » le monde est vieux, mais l’avenir sort du passé « .
Ce couronnement du roi Charles III, doit nous interpeller, nous africains. C’est vrai que nous avons une histoire dramatique marquée par la traite négrière et la colonisation. Deux grosses » plaies béantes » de notre parcours encore difficiles à cicatriser. Cela n’est plus une excuse pour justifier notre situation actuelle.
Par ailleurs, il faut saluer nos braves combattants pour la liberté. Des résistants à la pénétration coloniale, aux luttes pour les indépendances en passant par la négro renaissance américaine, tous ont lutté pour nous permettre de recouvrer notre liberté. Ils ont rempli d’une manière ou une autre, leur part du contrat.
Aujourd’hui, nous devons reconquérir notre histoire. Il est question de faire un savant mélange entre les aspects positifs de nos coutumes et mœurs avec les réalités du monde moderne pour construire notre identité.
L’Angleterre qui célèbre aujourd’hui, une tradition millénaire, est aussi une démocratie avec une culture de l’alternance bien enracinée. En témoigne la présence à la cérémonie d’accession du roi Charles III, de Tony Blair, David Cameron et Theresa May, tous anciens premiers ministres britanniques. Une démocratie dans une monarchie! C’est un exercice qui leur réussit bien.
Par contre, ceux qui ont choisi la démocratie pour la démocratie, ont plutôt construit des sociétés où règne pauvreté et oisiveté avec une oligarchie qui tire les ficelles pour se perpétuer au pouvoir. Des pays qui ont créé leurs propres » colons ayant bâti un îlot de bonheur dans un désert de misère ».
Que vaut une démocratie sans la sociologie du développement ! Une dictature » éclairée » avec une réelle culture du travail est mieux qu’une démocratie où à chaque élection, l’on ramasse des cadavres aux différents coins de rues.
Le Rwanda qui a connu le pire génocide de l’histoire prouve qu’on peut partir du drame historique au progrès. Combien de grands footballeurs des meilleurs championnats du monde courent dans les stades avec » Visit to Rwanda » flanqué au dos! Signe d’un pays fréquentable avec un indice de développement enviable.
Il y a quelques décennies, la Chine avait les mêmes défis de développement que l’Afrique. Aujourd’hui, la Chine est le deuxième pays du monde par son produit intérieur brut (PIB) nominal, derrière les États-Unis avec 3 104 milliards de US$.
Pourtant, l’Afrique est considérée comme un continent d’avenir avec 60% de sa population de moins de 30 ans, des ressources naturelles qui représentent 30 % des réserves mondiales en pétrole, en gaz et en minéraux. La Guinée à elle seule, possède plus de la moitié des réserves mondiales de la bauxite. Après plus de 60 ans d’exploitation, les défis du progrès sont encore plus importants.
Nous avons besoin de nous » réinventer « . Nous devons sortir du mimétisme pour construire notre propre modèle.
Cela requiert un réveil des consciences et un nouveau leadership. L’Afrique a besoin de se construire, de profiter de ses innombrables richesses naturelles. La démocratie ne doit pas être un frein au développement. Il est temps de sortir de » l’intellectualisme » pour le pragmatisme en arrimant les discours aux actes.
Pour le cas de la Guinée par exemple, cette transition est une opportunité pour jeter les véritables bases du renouveau. Nous avons la chance d’avoir des jeunes dirigeants qui ont une vision. Il faut transcender les divergences pour construire ensemble, la Guinée nouvelle basée sur la culture du mérite où chaque citoyen doit son épanouissement à son travail. Comme le Rwanda, la Guinée et les Guinéens peuvent goûter aux saveurs du progrès généré par nos ressources sous une gouvernance vertueuse où le bien public doit être une braise qui brûlera les doigts de ceux qui tenteront de le detourner.
Boubacar Koyla DIALLO
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