Une affaire qui n’en était pas une. Comment qualifier cet autre intérêt accordé à un machin par certains ? L’affaire portant sur un banal entretien entre Kiridi Bangoura Ministre d’Etat, Sekouba Konaté ex-Président de la transition et Amara Camara ambassadeur de Guinée en France, n’en était vraiment pas une.
Quand on sait, s’il y a besoin de le rappeler, que si le digital côtoie intimement le quotidien des humains, le numérique lui, il le métamorphose à souhait. Il suffit juste d’en avoir l’expertise nécessaire.
Autant leurs avantages sont extraordinaires, autant leurs conséquences sont néfastes. Tout dépend du mobile qui anime leurs utilisateurs. Hélas ! Les images et les voix sont devenues les proies faciles. Car les logiciels dans ces domaines foisonnent grâce aux esprits prolifiques des inventeurs et innovateurs. Tenez ! Aujourd’hui les logiciels comme Adobe audition, Sound forge et Wave lab qui sont très utilisés dans le monde des médias et par les professionnels de la communication pour le traitement de son, sont capables de (changement de voix, réduction, augmentation de la longueur , volume, mixage du son etc …).
Plus performants encore sont les logiciels Google traduction et Acapela boxe qui convertissent les simples écritures en voie. Ecrivez ce que vous voulez dire vous entendez votre texte en voie. Comment peut-on accorder même pas du crédit, mais surtout de l’intérêt à un élément sonore dans de telles conditions ?
D’ailleurs, selon le principal concerné, Kiridi Bangoura, l’entretien s’est déroulé durant des heures, alors que l’élément intentionnellement mis sur la toile, dure six petites minutes, preuve qu’il est le résultat d’un tripotage logiciel. Nonobstant cela, à soupçonner que les propos qu’on le cède viennent indubitablement de lui.
Kiridi Bangoura doit-il acheter un cheval blanc pour s’exiler pour avoir reconnu que c’est Sekouba Konaté qui a admis de lâcher le pouvoir ? Pourtant, c’est une exactitude. Ou, Kiridi Bangoura doit-il passer à l’échafaud parce qu’il donne les détails sur le comment il a négocié auprès de Sekouba Konaté en faveur de son camp politique ? Non ! Parce que, même Toto sait que tout pouvoir se négocie, à priori la magistrature suprême. En politique, c’est la fin qui justifie les moyens.
Ou encore, Kiridi Bangoura doit-il rendre le tablier pour avoir levé un coin de voile sur son apport ingénieux à l’avènement d’Alpha Condé ? Non ! Parce qu’il a fait preuve de prouesses politiques impeccables, d’une part, qui doivent servir les chercheurs et étudiants en sciences politiques. D’autre part, il devrait être remercié pour son honnêteté intellectuelle et pour avoir purifié une vérité historique de rumeurs qui n’avaient que trop duré.
Pour rappel, à l’époque des faits, le parti du concurrent direct d’Alpha Condé avait été accusé d’avoir proposé à Sékouba Konaté un chèque en blanc et donné 70.000.000 de dollars à la CENI version feu Ben Sekou Sylla contre le fauteuil présidentiel. Vrai ou faux, seuls les courageux comme Kiridi Bangoura peuvent allumer le projecteur sur ces accusations. Ce parti peut-il jurer qu’à aucun moment il n’avait à l’époque tenté de négocier le pouvoir avec les faiseurs de roi d’alors, y compris avec Sekouba Konaté ?
Mais pourquoi c’est maintenant qu’un vieil élément sonore est distillé à nouveau ? La raison est purement et simplement politique.
Pendant que le débat politique est centré sur la présidentielle du 18 octobre prochain, il faut lui faire ombrage. Faire de la digression en tentant d’établir un pont entre la présidentielle de 2010 et celle à venir, une façon subtile de réconforter la position de ceux qui hésitent de prendre part à la présidentielle de 2020.
De même, l’autre objectif est de déstabiliser celui qui est considéré comme l’éminence crise de la mouvance au moment où son camp politique a le plus besoin de lui. Sinon, comment appréhender qu’une élection qui s’est déroulée il y a bientôt dix ans, soit exhumée à l’approche d’une autre ?
Bella KAMANO,Analyste politique.