Une nouvelle souche Covid19 inquiète les épidémiologistes.

Une variante du SARS-CoV-2 apparue mi septembre à Londres ou dans le Kent était à l’origine de 62% des contaminations enregistrées à Londres en décembre et de 43% dans le sud-est. Elle contiendrait 23 changements par rapport au virus connu jusque-là. Une nouvelle très inquiétante selon certains épidémiologistes.

L’apparition au Royaume-Uni d’une nouvelle souche du coronavirus beaucoup plus contagieuse que les autres inquiète les épidémiologistes et a, dans l’immédiat, amené plusieurs pays à suspendre les vols en provenance du territoire britannique dimanche.

Le conseiller scientifique du gouvernement britannique, Patrick Vallance, avait indiqué samedi que cette nouvelle variante du Sars-CoV-2, en plus de se propager rapidement, devenait aussi la forme «dominante», ayant entraîné «une très forte hausse» des hospitalisations en décembre. Elle serait apparue mi-septembre à Londres ou dans le Kent (sud-est), selon lui.

«Le groupe consultatif sur les menaces nouvelles et émergentes des virus respiratoires (NERVTAG) considère maintenant que cette nouvelle souche peut se propager plus rapidement», a déclaré le médecin-chef de l’Angleterre, Chris Whitty, dans un communiqué. Cet avis s’appuie sur le constat d’une «augmentation très forte des cas de contamination et des hospitalisations à Londres et dans le Sud-Est, par rapport au reste de l’Angleterre ces derniers jours», indique le professeur de médecine Paul Hunter, de l’Université d’East-Anglia, cité sur le site de Science Media Centre.

«Cette augmentation semble être causée par la nouvelle souche», a-t-il ajouté en se référant aux informations fournies par les autorités sanitaires. Pour autant, «rien n’indique pour le moment que cette dernière cause un taux de mortalité plus élevé ou qu’elle affecte les vaccins et les traitements, mais des travaux urgents sont en cours pour confirmer cela», ajoute Chris Whitty.

«Très mauvaise nouvelle»

L’information«sur cette nouvelle souche est très préoccupante», selon le Pr Peter Openshaw, immunologiste à l’Imperial College de Londres, cité par Science Media Centre. Notamment parce qu’«elle semble de 40% à 70% plus transmissible».

«C’est une très mauvaise nouvelle», renchérit le Pr John Edmunds, du London School of Hygiene & Tropical Medicine: «Il semble que ce virus est largement plus infectieux que la souche précédente».

Sur sa page Facebook le généticien français Axel Kahn a rappelé qu’à ce jour, «trois cent mille mutants de SARS-CoV-2 ont été séquencés dans le monde». La nouvelle souche porte notamment une mutation, nommée N501Y, dans la protéine de la spicule du coronavirus, la pointe qui se trouve à sa surface et lui permet de s’attacher aux cellules humaines pour les pénétrer. Selon le Dr Julian Tang, de l’Université de Leicester, «cette mutation N501Y circulait déjà sporadiquement bien plus tôt cette année en dehors du Royaume-Uni, en Australie en juin-juillet, aux Etats-Unis en juillet et au Brésil en avril».

«Les coronavirus mutent tout le temps et il n’est donc pas surprenant que des nouveaux variants du Sars-CoV-2 émergent», rappelle le professeur Julian Hiscox, de l’université de Liverpool. «Le plus important est de chercher à savoir si ce variant a des propriétés qui ont un impact sur la santé des humains, les diagnostics et les vaccins».

«Plus il y a de virus produits, donc de personnes infectées, plus il y a de mutations aléatoires et plus grande est la fréquence de mutations avantageuses pour le virus», relève encore le Pr Axel Kahn.

Des cas hors du Royaume-Unis

La confirmation de la contagiosité de cette souche a convaincu les autorités britanniques de décréter un reconfinement de Londres et d’une partie de l’Angleterre (au total 16 millions d’habitants).

«Malheureusement la nouvelle souche était hors de contrôle. Nous devions reprendre le contrôle et la seule manière de le faire est de restreindre les contacts sociaux», a déclaré le ministre de la Santé Matt Hancock dimanche. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé ses membres en Europe à «renforcer leurs contrôles». Hors du territoire britannique, une poignée de cas ont été rapportés au Danemark (9), ainsi qu’un cas aux Pays-Bas et en Australie, selon l’OMS.

Après les Pays-Bas et la Belgique, qui ont suspendu dimanche tous les vols de passagers en provenance du Royaume-Uni, l’Italie va également suspendre les liaisons aériennes. L’Allemagne et l’Autriche pourraient leur emboiter le pas. Face à ces décisions unilatérales, l’Espagne à demandé à Bruxelles une réponse «coordonnée» de l’Union européenne.

AFP