C’est étrange, la vie : briller un peu avant de s’éteindre pour toujours. Et si la mort efface, la vie peut négliger.
Du nom du quartier de la ville de Labé qui l’a vu naître, “Pounthouin”, comme chacun l’avait rebaptisé avec l’habitude et le temps, n’était plus déjà parmi nous dans sa retraite lointaine et silencieuse. L’homme était de nature solitaire, se montrait quand il le voulait, mais trop souvent, il se coupait du monde et s’éloignait de tous.
Très peu de ses amis comme moi avaient de ses nouvelles, de temps en temps, et s’inquiétaient de son absence prolongée. Il était fragile comme tous les êtres sensibles, et différent comme tous les hommes d’exception. On était sa famille, comme, lui, fut notre compagnon et ami des années difficiles d’apprentissage et d’euphorie pendant lesquelles on rêve d’un grand destin, à défaut de réussite dans la voie qu’on a choisie.
Mamadou Dian Pounthouin est un des pionniers des chroniqueurs politiques du pays, un journaliste qui savait écrire, analyser, et qui a imposé son nom et sa signature dans les médias. Il a côtoyé toutes les grandes personnalités politiques du pays, comme le Président Alpha Condé dont il fut le plus proche, feu Siradiou Diallo, Bah Mamadou, Jean-Marie Doré et d’autres grandes figures de notre histoire contemporaine. Il est de notre génération de journalistes portés par la force de leurs convictions, l’enthousiasme de la jeunesse et l’audace de la liberté et des conquêtes démocratiques.
C’est à Souguéta dans Kindia, où il aimait aller se réfugier auprès des siens, dans la chaleur familiale maternelle qui lui était utile comme il pouvait s’en passer, qu’il a rendu l’âme dans la pudeur des talents anonymes et la dignité des héros oubliés. Sans doute, a-t-il vu défiler devant lui, pour la dernière fois, toutes les péripéties mouvementées et monocolores d’une vie qui a commencé dans la gloire de la presse, avant de finir sur les sentiers du regret et de la nostalgie des bonnes années volées à lui.
En cet instant pénible d’impuissance face à un sort acharné, il a dû réaliser toute la misère du monde et le drame de la condition humaine. Il a dû sourire, malicieusement, comme il savait le faire dans ses accents ironiques et son humour caustique, pour refermer la parenthèse d’une vie contrastée qu’il a passée le temps à caricaturer et consommer librement. La mort n’a jamais été loin de lui qui était souvent éprouvé par la maladie, mais il a vécu avec un sentiment d’éternité. Ce fut à la fois sa force et sa faiblesse.
Adieu, l’ami que je ne pourrai jamais oublier dans mes souvenirs, dont je me rappellerai toujours en repensant à ma vie et à ma carrière, que je garde dans mes prières et mes pensées intimes !
Tibou Kamara