Le Professeur Alpha Condé est un grand habitué des batailles politiques, un abonné présent aux victoires électorales. Sous toutes les latitudes, dans toutes les circonstances, il a su tirer son épingle du jeu, a figé ses adversaires toujours pris de court, restés constamment à l’affût d’opportunités à exploiter pour prendre une hypothétique revanche, sans cesse repoussée aux calendes grecques.
Quant à ses partisans, dans son antichambre, ils languissent face à l’agenda et les intentions du chef souvent dévinés, jamais maîtrisés. L’ art de gouverner, et de faire aussi la politique, du Président Alpha Condé est de garder, jusqu’au bout, l’avantage de la réserve et le bénéfice du silence, à propos de ce qu’il veut ou ne voudrait pas, de ce qu’il fera et décidera.
Ceux qui, nombreux, sont tentés aujourd’hui par la politique sans en avoir le talent et l’expérience, pourraient en faire leur source d’inspiration ; d’autres, dont c’est la vocation ou paraissent aptes à s’y engager ont en lui un modèle de politique redoutable.
La grande bataille que le Président Alpha Condé engage maintenant, dans le temps, avec sa détermination habituelle et sa volonté obstinée, est la réforme de l’Etat et la qualification de l’administration publique. Comme pour d’autres défis relevés antérieurement, il ne doute pas qu’il y arrivera. Même si pour cela, et le Président en est pleinement conscient, il lui faudra bousculer des habitudes ancrées profondément dans les moeurs et remettre en cause des “droits” que
d’aucuns croyaient irrémédiablement acquis.
L’administration publique, sûre d’elle, jalouse de ses pouvoirs immenses et de ses privilèges illimités, a toujours été au-dessus de tout et de tout le monde. Cette administration éprouvée a survécu à tous les changements de régime et à tous les bouleversements qui ont suivi. C’est l’héritage commun à tous les pouvoirs qui, s’ils ont été tous tentés de donner un coup de pied dans la fourmilière, ont dû aussi, très souvent, abdiquer devant les fortes résistances et les innombrables goulots d’étranglement. On ne sait jamais trop par oú commencer, quoi changer, à qui il ne faut pas toucher….
abdiquer devant les fortes résistances et les innombrables goulots d’étranglement. On ne sait jamais trop par oú commencer, quoi changer, à qui il ne faut pas toucher….
Il est toujours difficile de se frayer un chemin entre les pesanteurs politiques et les tabous sociaux. Mais, la Guinée doit changer. Par une volonté politique inébranlable, les Guinéens peuvent se remettre en cause, s’il ne leur est pas laissé le choix de se complaîre dans la routine bienfaisante de toutes ces années d’insouciance individuelle et collective tolérée. C’est le pari ambitieux, et il est loin d’être C’est le pari ambitieux, et il est loin d’être illusoire, du Président Alpha Condé prêt à en découdre avec une oligarchie administrative réputée puissante, et surtout résolu à prendre enfin en compte une attente pressante de la majorité silencieuse.
En réalité, le renouveau de l’administration en cours, la moralisation de la vie publique, en plus d’être une exigence politique et sociale, sont aussi une chance pour les élites qui ont ainsi l’occasion de redorer leur blason terni, et de se réconcilier avec un peuple dont les récriminations et les imprécations sont une menace constante contre leur réputation publique, voire une source d’insécurité au quotidien qui pèsera sur leur liberté et leur prospérité.
Le Président Alpha Condé peut donc avoir l’air d’être seul à mener un combat difficile et ingrat, celui de la “révolution culturelle” qui lui est si chère ; cependant, la portée et la finalité de cette nouvelle conquête mobilise tout le pays et profitera à tous. Y compris ceux qui n’y croient pas ou s’y opposent, par instinct, autour de lui et bien au-delà.
Qui n’a pas souhaité pour la Guinée une administration publique des plus vertueuses, et ne voudrait pas d’une gouvernance politique et économique débarassée de toutes les tares qui freinent ou retardent l’élan de progrès du pays, qui creuse les inégalités ? Le développement économique et social n’en dépend-t-il pas ? La paix sociale et la justice sociale, ne sont-elles pas à ce prix ?
Bref, sans prospérité économique et justice sociale il n’y aura pas un Etat fort, ni une paix sociale durable. Si le bonheur de la majorité des Guinéens, citoyens anonymes représentant la frange la plus importante de la population, passe par le malheur des monopoles et des enfants gâtés de la République, ultra-minoritaires, pourquoi pas et pour une fois ?
En s’engageant sans réserve, ni états d’âme dans la noble voie de “Gouverner autrement”, en décidant aussi que pour le choix des hommes et des femmes appelés à ses côtés à servir la Guinée, les critères implacables ont pour noms Loyauté, Compétence et Intégrité ( LCI), le Président Alpha Condé n’a pas fait qu’un pari avec les Guinéens pour un changement sans cesse annoncé et souvent reporté, il a fait le choix de l’histoire pour le pays et de l’avenir pour chacun.
Tibou Kamara