En Guinée,la multiplication des manifestations de soutien aux autorités de transition suscite un autre débat. Il s’agit de la candidature ou non du président de la transition. Jusqu’ici, la question n’avait pas autant préoccupé les acteurs politiques. Si les uns accusent le Général de vouloir candidater aux prochaines élections, le journaliste et acteur politique, Bella Kamano pense qu’il est précoce de lui prêter cette intention. Il considère que, tout débat présentement,autour de la candidature d’un dirigeant régi par une charte de la transition en vigueur, est aussi un coup d’état.
« A ce stade de la transition, il est absolument précoce de prêter à un dirigeant, à qui la charte de la transition interdit de briguer un mandat électif l’intention de se porter candidat. Quelque soit l’ampleur des manifestations de soutien, la teneur ou les orientations des discours et déclarations, il faut les mettre au compte de trois objectifs naturels recherchés par tout pouvoir. Le premier, est le test sporadique ou la conquête continue de légitimité, propre à tous les pouvoirs politiques. Le deuxième vise à savoir, si les actes posés sont partagés par les gouvernés. Et le souci constant de tout pouvoir de préempter le débat politique est le troisième objectif recherché.
Sans les soutiens affichés des gouvernés, il reste entendu que, les trois objectifs ne peuvent être atteints par un pouvoir politique. Mais en réalité, ceux qui critiquent aujourd’hui feront pire, une fois au pouvoir. Car, c’est une réalité qui remonte à la nuit des temps. C’est pourquoi,toute tentative de les analyser sous le prisme des intentions futures, débouche sur des aprioris d’une virginité sans commune mesure. En ce sens que , les tenants actuels du pouvoir savent qu’au demeurant, ils sont régis par une charte qui verrouille cette voie. En conséquence, ils ne peuvent aucunement s’autoriser de la violer, même contre un pouvoir à vie. Il est donc temps que, les communications politiques tendancieuses soient soignées. Sans quoi, si ce battage tonitruant continue, l’effet contraire risque de donner quitus aux mentalités. Tant qu’il n’y a pas de déclaration officielle relative à une candidature de tel ou telle, chaque guinéen devra être accroché aux dispositions de la charte de la transition en vigueur. C’est un débat qui s’imposera à l’ordre du jour, lorsque la charte sera remplacée par la nouvelle constitution. Que les acteurs politiques engagés dans de tels débats, n’ignorent pas les conséquences des dérapages qui pourraient en résulter. Présentement, je considère que tout débat autour d’une quelconque candidature est un coup d’état contre la charte de la transition en vigueur. Comme il y’a des coups d’état constitutionnels. Et ses auteurs doivent être interpellés. Le doute est permis, mais en attendant, il faut souffrir de le ruminer en faveur de la paix, conclut Bella Kamano ».