Birmanie : nouvelle inculpation d’Aung San Suu Kyi.

Aung San Suu Kyi a été inculpée une deuxième fois en Birmanie pour « avoir violé la loi sur la gestion des catastrophes naturelles », a appris mardi l’AFP.

L’ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, renversée par un coup d’État le 1er février, a été inculpée une seconde fois, mardi 16 février, a indiqué à l’AFP son avocat Khin Maung Zaw, précisant qu’une nouvelle audience devait avoir lieu le 1er mars.

Déjà poursuivie pour avoir importé illégalement des talkie-walkies, elle fait face à une nouvelle inculpation pour « avoir violé la loi sur la gestion des catastrophes naturelles », a indiqué Khin Maung Zaw. La prix Nobel de la paix 1991, tenue au secret depuis son arrestation, est « en bonne santé » et assignée à résidence dans la capitale administrative Naypyidaw, d’après son parti.

 

Cette procédure n’a rien d’équitable, avait commenté en amont Tom Andrews, rapporteur spécial de l’ONU. « Il n’y a rien de juste dans la junte. C’est du théâtre (..) et bien sûr, personne ne les croit ».

L’ancienne cheffe du gouvernement civil est « en bonne santé », a affirmé de son côté le vice-ministre de l’Information Zaw Min Tun mardi lors d’une conférence de presse.

Aung San Suu Kyi et l’ex-président Win Myint sont « dans un endroit plus sûr pour leur sécurité (…) Ce n’est pas comme s’ils avaient été arrêtés. Ils restent chez eux », assignés à résidence dans la capitale administrative Naypyidaw, a-t-il ajouté.

La mobilisation se poursuit

Interdiction des rassemblements, déploiements de véhicules blindés, interpellations nocturnes, renforcement de l’arsenal législatif : les militaires n’ont cessé de durcir le ton depuis leur coup d’État qui a mis fin à une fragile transition démocratique de 10 ans.

Malgré cela, la mobilisation se poursuit. Des manifestants ont bloqué un tronçon de voie ferrée à Mawlamyine au sud de Rangoun, interrompant le service entre la ville portuaire et la capitale économique, d’après des images diffusées par un média local. « Rendez-nous nos dirigeants », pouvait-on lire sur des banderoles, tandis que des contestataires ont exhorté les employés des chemins de fer à cesser le travail.

Avocats, enseignants, contrôleurs aériens, cheminots : de nombreux fonctionnaires ont déjà répondu à cet appel à travers le pays en se mettant en grève contre le putsch.

 

À Rangoun, des moines, qui avaient mené la « révolution de safran » réprimée dans le sang par l’armée en 2007, ont marché vers l’ambassade américaine. Non loin de là, des jeunes ont joué du violon devant un groupe de danseurs vêtus de noir, tandis que d’autres ont chanté.

Après le déploiement dimanche de véhicules blindés dans certaines villes du pays, les foules étaient toutefois moins nombreuses dans les rues. D’autant que la junte poursuit les arrestations. Quelque 400 personnes – responsables politiques, médecins, activistes, étudiants, grévistes – ont été placées en détention ces deux dernières semaines, d’après une ONG d’assistance aux prisonniers politiques. Des rapports non confirmés font état d’interpellations supplémentaires.

Les généraux continuent à s’attaquer aussi aux outils de communication. Pour la quatrième fois depuis le putsch, les connexions Internet ont été presque totalement coupées dans la nuit de lundi à mardi, avant d’être restaurées huit heures plus tard.

Ces perturbations sapent « les principes démocratiques fondamentaux », a déploré l’émissaire des Nations unies pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, lors d’un entretien téléphonique avec Soe Win, commandant adjoint de l’armée birmane. Les coupures nuisent aussi « à des secteurs-clés, y compris les banques », a-t-elle ajouté dans ce rare échange entre la junte et le monde extérieur.

La junte soutenue par Pékin et Moscou à l’ONU

Les manifestations sont pour l’instant dans l’ensemble pacifiques, mais plusieurs incidents ont été rapportés lundi. La police a arrêté plusieurs dizaines de contestataires, dont une vingtaine d’étudiants, à Naypyidaw, avant d’en relâcher certains.

À Mandalay, deuxième plus grande ville du pays, un affrontement entre manifestants et forces de l’ordre a fait au moins six blessés. La police a tiré sur la foule des balles en caoutchouc et avec des lance-pierres, des protestataires répliquant en lançant des briques. Des journalistes présents sur les lieux ont également déclaré avoir été battus par la police.

L’armée, qui dispose de deux soutiens de taille aux Nations unies (Pékin et Moscou), fait la sourde oreille face aux multiples condamnations internationales et aux sanctions annoncées par Washington.

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Depuis, les généraux putschistes ont autorisé les perquisitions sans mandat ou les placements en détention pour une courte période sans le feu vert d’un juge. Une loi très liberticide sur la cybersécurité est également en train d’être mise en œuvre.

Pour le chef de la junte, Min Aung Hlaing, paria au plan international en raison des exactions commises contre les musulmans rohingyas en 2017, la crise en Birmanie reste « une affaire intérieure ».

Il conteste la régularité des législatives de novembre, massivement remportées par la Ligue nationale pour la démocratie, le parti d’Aung San Suu Kyi.

Avec AFP