Brexit: vers un apaisement entre l’UE et Londres sur l’Irlande du Nord?

Bruxelles se propose d’alléger les contrôles sur certaines marchandises destinées à l’Irlande du Nord, de manière à réduire les difficultés d’approvisionnement de la province apparues avec l’entrée en vigueur du Brexit, au début de l’année. L’UE refuse donc de renégocier le protocole spécial qui lie toujours l’Irlande du Nord au marché unique mais se dit prête à engager des « discussions intensives » avec le gouvernement britannique pour aboutir à une solution « durable ».

Depuis la sortie du Royaume-Uni de l’UE il y a neuf mois et demi, le « protocole » pour le casse-tête qu’est l’Irlande du Nord est devenu un casus belli entre Londres et Bruxelles. À tel point que les tensions nées de la mise en place de contrôles douaniers entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord ont été surnommées « guerre de la saucisse », car les saucisses anglaises ne peuvent plus arriver en Irlande du Nord sans être congelées, rapporte notre correspondant à BruxellesPierre Bénazet.

Pour rappel, l’Irlande du Nord n’est plus dans l’Union européenne contrairement à la République d’Irlande. Pour préserver la paix entre les deux, il a été décidé de mettre une frontière maritime, ce qui a engendré des contrôles douaniers interminables pour les exportations de la Grande-Bretagne vers l’Irlande du Nord, rappelle notre correspondante à LondresMarie Boëda. Concrètement, un chauffeur routier qui transporte différents produits doit montrer un certificat pour chaque article. Résultat : des produits qui manquent, une chaîne d’approvisionnement perturbée. Cela touche la viande, les laitages et les médicaments par exemple.

Pour la Commission européenne, le protocole négocié pendant plus de trois ans pour l’Irlande du Nord peut parfaitement rester en place, avec des aménagements qui représentent de véritables concessions de sa part. C’est d’abord le cas des mesures sanitaires et phytosanitaires, tout ce qui concerne les plantes et les produits animaux.

L’UE propose de lever 80% des formalités douanières

L’Union européenne est par exemple prête à accepter de renoncer à ses propres règles pour l’importation de viande non congelée si les produits venant du Royaume-Uni restent exclusivement en Irlande du Nord. Ceci permettrait entre autres aux saucisses du Cumberland de revenir dans les rayons des boucheries nord-irlandaises. Ensuite, les grossistes en médicaments de Grande-Bretagne se verraient aussi autorisés à exporter vers l’Irlande du Nord.

Dans l’ensemble, la Commission propose de lever jusqu’à 80% des formalités douanières si le gouvernement britannique se conforme à ses obligations : mettre en place des postes de douane et échanger les informations douanières en temps réel.

 

L’Union veut bien accorder des dérogations pour que certains produits puissent venir de Grande-Bretagne et elle veut bien étendre la liste de ces produits en les exemptant de droits de douane. Mais elle veut des garanties sur le fait que ces produits resteront en Irlande du Nord.

Le Royaume-Uni invite à continuer les discussions, mais reste flou. Il y a un point sur lequel il est clair, c’est sur la Cour européenne de justice. Londres veut désormais faire appel à une instance indépendante en cas de litige, qui ne dépend plus de l’Europe. Il reste trois semaines de négociations acharnées. Du côté de David Frost, le ministre chargé du Brexit, il faut déchirer le protocole pour en écrire un nouveau.

RFI