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Concertations nationales : quand, toute honte bue, les magistrats du pays se couvrent d’avanie (Mognouma Cissé)

Le mardi 21 mars restera à jamais dans les marbres de l’histoire de la Guinée à cause des magistrats du pays, qui ont créé la sensation à l’occasion des concertations initiées par la junte au pouvoir.

 

Massivement mobilisés, ces hommes et femmes censés dire le droit, sont allés se dévoiler, sont allés déclarer leurs péchés au tribunal de la pénitence.

 

Comme venus se livrer au Colonel nouvel homme fort du pays, ils ont tout dit et même ce qu’on ne pouvait imaginer d’eux, de leur fonctionnement ainsi que de leur très haut degré de corruption et qui a fini par détruire le peu d’image qui restait de ce corps et lui enlever tout crédit.

La scène était tout simplement surréaliste.

 

C’était bigrement hallucinant de la part d’une corporation, censée pourtant être le dernier rempart dans tout Etat normal.

 

Des magistrats ont regretté des interférences répétées de l’exécutif. Ce qui en soit n’est pas un fait nouveau. Elle est d’ailleurs universelle, cette propension de l’exécutif à vouloir dominer la justice. La préoccupation est d’actualité partout dans le monde. Ce débat a lieu dans toutes les grandes démocraties où la justice est au sens propre du mot, non pas une profession de foi, mais la boussole qui guide le fonctionnement de l’Etat.

Malheureusement, de longues années durant, nombre de ces magistrats, se sont permis, sans sourciller, de prendre des décisions, qu’ils savaient pourtant non conformes à la loi. En termes plus simples, quantité d’innocents ont été condamnés sous l’effet de la pression d’un exécutif qui n’est pas très diffèrent des autres, mais qui hélas, était avide à tout contrôler dans le pays, même la direction du vent.

 

D’un ton goguenard, toute honte bue, sans ciller, des magistrats ont confessé cette monstruosité d’avoir violés leur serment, laissant ainsi des séquelles chez leurs victimes. Une réparation est alors possible, du moins envisageable en faveur de ces victimes ?

Et pourtant, ces magistrats ont bénéficié d’un statut particulier et sont protégés par la mise en place du haut conseil de la magistrature, bien que celui-ci fût bringuebalant à l’image probablement de toute institution qui fait ses premiers pas.

 

Révulsé sans doute par des discours aux allures de confession et de mea-culpa, le colonel Président est resté tout de même serein. Cette rencontre la plus importante de ces journées de concertations, a donné au nouveau maitre de Conakry, l’idée de la profondeur du mal Guinéen. Une justice malade, c’est un peuple à l’agonie.

Une chose est sûre, à cet instant, le colonel Doumbouya se serait félicité de sa première décision de libération des détenus dits politiques. Il devrait aussi sans commisération aucune, être fier de cette autre décision, qui a favorisé le retour de ceux qui ont été contraints à l’exil, du fait de décisions qui s’avèrent manifestement illégales, dignes d’une justice aux ordres d’un pouvoir obstiné à faire taire toute voix dissonante.

 

L’opinion aussi qui voyait en cette décision un acte populiste pris par une junte en quête de légitimité populaire, devrait elle aussi, se repentir.

 

Pour le cas Guinéen, c’est une justice agonisante. Le mal est alors au-delà de tout ce qu’on peut imaginer.

 

Pour inverser la donne, la thérapie doit être forte, et peut-être radicale, conseillent bien d’observateurs.

Est-ce dire qu’il faut renouveler toute cette génération qui a trahi le peuple en violant son serment, ou faire l’effort de les changer, en espérant qu’ils faciliteront cela en faisant leur mue ?

 

Toutes les options sont sur la table, à la junte d’agir !

 

Mognouma Cissé

 

 

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