Édito : la Charte de la Transition à l’épreuve de la réalité (Mohamed Bangoura)

Dans la foulée de son accession à la tête du pays, le Colonel Mamadi Doumbouya, désigné par ses frères d’armes président du CNRD, a doté la Guinée d’une Charte de la Transition. Dans l’histoire des transitions en Guinée, c’est la première fois que les auteurs d’un coup d’État militaire élaboraient cet acte destiné à encadrer juridiquement la transition. Cette initiative a été saluée par tous les observateurs et même des partis politiques. Même s’il faut déplorer le fait qu’il s’agit d’une sorte de charte octroyée c’est-à-dire d’un document unilatéral en ce sens qu’il ne résulte pas d’un travail consensuel. En clair, les forces vives de la Nation.

À titre de comparaison, dans certains pays, les partis politiques, des organisations de la société civile, les forces de défense et de sécurité, les organisations religieuses et coutumières sont ou ont été signataires ou parties à la Charte de la Transition. C’est le cas du Mali et du Burkina. En Guinée, c’est le Colonel Mamadi Doumbouya qui nous fait don d’une charte, pourrait-on dire.

Mais la Charte de la Transition, entrée en vigueur, soulève déjà quelques problèmes.

L’article 52 dispose que » Le Premier Ministre doit, dans un délai n’excédant pas trente( 30) jours à compter de la date de nomination des membres du gouvernement, soumettre pour approbation au Président de la Transition le plan d’actions de la feuille de route du Gouvernement de transition « . Cette disposition n’a plus aucun sens dans la mesure où les membres du Gouvernement de Transition sont nommés à » compte- goutte « . Le délai de trente ( 30) jours devrait donc courir à compter de la nomination du dernier membre du gouvernement.

Par ailleurs, dans la composition du Conseil National de Transition ( CNT), la Charte de la Transition parle de » personnes ressources » au nombre de huit. Qui seront ces personnes ? Quels sont les critères qui permettent d’identifier ces » personnes ressources » ?.

En 2010, la qualification de » personnes ressources » n’était rien d’autre qu’un moyen de copter selon un ancien membre » des coquins et des copains «.

Le CNRD veut-il suivre cette trace ? L’avenir nous le dira.

Mohamed Bangoura