La prise de la Bastille le 14 juillet 1789 était plutôt motivée par des impératifs militaires. Quelques jours auparavant, le roi a congédié Jacques Necker, le seul ministre en qui le tiers état a confiance. Le 12 juillet, Camille Desmoulins enflamme la foule au Palais-Royal. Les appels aux armes se multiplient et les Invalides sont pillés. Les émeutiers redoutent cependant que les troupes du roi interviennent. Ils ont besoin d’une place forte et surtout des munitions entreposées à la Bastille. L’assaut est donné et le gouverneur du fort finit par se rendre. Sa tête terminera au bout d’une pique.
Célébrer l’unité plutôt que la révolte
Dès l’année suivante, on choisit ce jour pour la fête de la Fédération. Il s’agit alors de célébrer l’unité retrouvée de la nation et de jurer fidélité au roi. On est donc bien loin de l’idée d’insurrection contre la tyrannie. Ce n’est qu’en 1880 que la IIIe République instaure la fête nationale le 14 juillet, en référence à cette idée d’union nationale et non en hommage à la prise de la Bastille. À l’époque célébrer un soulèvement populaire sanglant contre le roi ne fait pas l’unanimité dans une France encore marquée par la Commune de 1871, et où les royalistes représentent toujours une force politique. Officiellement, c’est encore le 14 juillet 1790 qui est célébré de nos jours. Mais depuis, l’idéal révolutionnaire a pris le pas sur celui de l’unité nationale lorsqu’on évoque cette date.