Guinée : le CNRD tourne en bourrique les politiques (Edito Mognouma sur Djoma)

Si la vidéo n’avait pas fait le tour des réseaux sociaux, si elle était juste racontée de bouche à oreille, on aurait cru à une vue de l’esprit ou à une caricature de la classe politique.

Et pourtant, elle est bel et bien réelle, cette scène ubuesque où voit des leaders politiques, nos politiques, tels des écoliers répondant présents à l’appel de leur maître, à pas pressés, s’engouffrer dans un bus pour ne pas rater le déjeuner offert par le Président de la junte au pouvoir.

Quand c’est pour aller dire au grand chef, ce sur quoi on débite tous les jours dans les médias et dans les cafés. Quand c’est pour aller aussi écouter ce qui a déjà été dit et redit, et, qui sonne comme du déjà entendu, on peut, à cet effet bien s’interroger sur l’obstination de ces leaders à se prêter à un exercice dégradant pour leurs images.

L’excitation de ne pas se faire conter l’évènement était sans égal. Le sentiment de ne jamais être mieux défendu que par soi en est la grande motivation.

Dans les rangs de l’ancienne mouvance présidentielle, déchue du pouvoir le 05 septembre 2021, c’était aussi un combat acharné pour être parmi ceux qui devaient aller rencontrer tout gais, le geôlier de leur champion, le Professeur Alpha Condé, dont ils n’ont à ce jour aucune nouvelle. Ce sujet, ils semblent d’ailleurs le ranger au rebut.

A cette rencontre, le colonel Doumbouya est resté droit dans ses bottes. Il a dit la même chose, mais autrement, laissant ainsi subodorer qu’il veut jouer la montre en vue de rester le plus longtemps au pouvoir. On a renvoyé les partis à leurs contradictions à propos de leurs listes pour le CNT. C’est incontestablement les tourner en bourrique.

Peut-être que tout cela est un préjugé.

Mais quoi qu’il en soit, la junte peut s’estimer pour le moment très heureuse d’avoir en face, des politiciens aux airs penchés, incapables de s’entendre sur le minimum, et, qui, dès le coup d’Etat, se sont laissés aller à leurs émotions et à leur enthousiasme pour accorder un blanc-seing au pouvoir militaire sans aucune condition.

Mieux, chacun agissant pour sa chapelle, s’impose le devoir de graisser les bottes de la junte. On évite de se fâcher avec les autorités militaires, en espérant être dans les bonnes grâces de celles-ci, dans le but de bénéficier d’un arrangement à l’heure du transfert du pouvoir. Tant pis pour les principes démocratiques.

Autant cette situation perdurera, aussi longtemps cette classe politique se réservera de mener des actions de défiance contre la junte. Cela n’est non plus une garantie en maintenant l’opinion dans l’expectative, car ça peut dégénérer de partout.

 

Mognouma Cissé