La Guinée a entamé depuis le 5 septembre 2021 une nouvelle transition après celle de 2010. On peut affirmer sans se tromper que la précédente a échoué par ce qu’elle n’était que politique. Par conséquent, la réussite de cette nouvelle dépendra de sa capacité à intégrer en plus du volet politique d’autres dimensions : économique, sociale, technologique, culturelle, citoyenne, environnementale et légale.
Le but de cet article est d’aborder la dimension technologique, notamment la nécessité de mettre en place un Système d’adressage physique des rues et portes de nos communes.
Quel est le rôle principal d’un gouvernement de transition ?
Nous sommes tous d’accord qu’il consiste à préparer le retour à l’ordre constitutionnel (organiser les élections et transmettre le pouvoir). Mais la transition devrait aussi être mise à profit pour jeter les bases d’un développement harmonieux, durable et inclusif.
L’administration étant une continuité, le prochain gouvernement poursuivra les chantiers en cours. Ne perdons donc pas de temps en pensant que ce n’est pas le moment d’ouvrir de grands chantiers. Le temps perdu par un pays dans son processus de développement se calcule à partir de la formule: 2 puissance (n). Exemples : Il faudrait 8 ans pour rattraper un retard de 3 ans ; 16 ans pour rattraper un retard de 4 ans et 32 ans pour rattraper un retard de 5 ans. Ah bon, il faut combien d’années pour rattraper le retard accusé par la Guinée en 63 ans ? Eh bien, je vous laisse faire le calcul !
Par conséquent, le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), sous l’impulsion du Colonel Mamadi Doumbouya, devrait préparer notre pays aux enjeux de la transition numérique par l’adoption d’une loi « Numérique Responsable ». La donnée « data » devrait être l’actif stratégique au cœur de cette transition numérique.
La quatrième révolution industrielle, appelée également industrie 4.0, s’est développée à partir des technologies numériques apportées par la troisième révolution industrielle. La combinaison des technologies émergentes, telles que l’Intelligence Artificielle (IA) et la robotique, l’Internet des objets (IoT), la réalité augmentée, l’informatique quantique, la bio-impression 3D de tissus organiques, la blockchain, la fabrication additive, la neurotechnologie, la géo-ingénierie, la correction de séquence génomique et d’autres innovations numériques, biologiques et physiques permettent à cette révolution industrielle d’influer considérablement sur les aspects économiques, sociaux, politiques, culturels et environnementaux de nos sociétés modernes.
Dans un contexte de mondialisation, de digitalisation, de compétitivité, de concurrence et de libre-échanges entre les pays, l’on constate avec amertume que Conakry est l’une des rares capitales au monde où il n’existe pas un système d’adressage physique pertinent. Ce qui engendre d’énormes difficultés à l’administration publique, aux collectivités locales, au secteur privé ainsi qu’aux populations elles-mêmes dans leur vie quotidienne. Les justificatifs de domicile (certificats de résidence) délivrés par les administrateurs territoriaux ne sont pas adaptés aux enjeux du développement durable. Or, il a été établi que l’adressage est non seulement une condition essentielle à la reconnaissance de la citoyenneté mais aussi et surtout un élément fondamental pour le développement de l’économie numérique et par ricochet à l’atteinte des dix-sept (17) objectifs du développement durable (ODD) de l’Organisation des Nations Unies (ONU).
En ma qualité de citoyen guinéen, je propose au gouvernement la mise en œuvre d’un projet innovant d’opérationnalisation du Système d’adressage physique des rues et portes et de mise en place d’un référentiel d’adressage unique en Guinée, avec pour phase pilote la commune de Kaloum. L’approche empirique du projet permettrait de l’étendre progressivement aux autres communes de la Capitale puis à celles de l’intérieur du pays : il s’agit de doter chaque citoyen guinéen d’une adresse du genre :
Diarra DOUMBOUYA
82 Boulevard Teli DIALLO
15001 KALOUM
Cette adresse unique pourrait être utilisée par un assistant de navigation GPS pour s’y rendre.
Je reste convaincu que ce projet permettrait : (1) : d’avoir une meilleure gouvernance de l’occupation du sol dans nos différentes communes ; (2) : de renforcer les capacités institutionnelles et organisationnelles des administrations publiques et collectivités locales en charge de l’aménagement du territoire ; (3) : de doter nos communes d’une base fiable de données cartographiques ; (4) : d’aider les institutions publiques, parapubliques et les partenaires techniques et financiers dans leurs orientations en matière de politiques et stratégies de développement sectoriel, de réglementations, d’organisation et de programmation des investissements ; (5) : d’accélérer l’atteinte des Objectifs du Développement Durable (ODD) de l’Organisation des Nations Unies (ONU) ; (6) : de concevoir un système d’adressage urbain pour collecter les taxes, renforcer la gouvernance de l’institution municipale et foncière, faciliter les déplacements, etc. ; (7) : de répondre aux enjeux du commerce électronique afin de profiter de la dynamique du secteur (augmentation de parts de marché et du taux de pénétration mobile et Internet, digitalisation, création d’emplois, etc.) ; (8) : d’amorcer une transformation structurelle de l’économie nationale par le biais de l’innovation technologique ; (9) : d’enrichir les coordonnées des entreprises (B2B : Business to Business, B2C : Business to Consumer, C2C : Consumer to Consumer).
Ingénieur Informatique, je travaille depuis deux ans sur ce projet d’adressage que je souhaite mettre en œuvre en Guinée. Tout est actuellement prêt et le projet peut démarrer dès demain: une équipe d’experts guinéens est constituée et mobilisable à tout moment, l’étude de faisabilité est terminée, l’architecture technique est déjà conçue et opérationnelle, la note conceptuelle du projet est rédigée : (1) : contexte et justification ; (2) : stratégie de mise en œuvre ; (3) : feuille de route opérationnelle ; (4) : planning prévisionnel ; (5) : résultats attendus ; (6) : pistes de financement.
A l’instar de tous les pays du monde, un système d’adressage est régi par un cadre normatif et règlementaire. Défini par le premier Magistrat de notre pays, ce cadre fera obligation à toutes les communes de procéder à la dénomination des principales voies et à la numérotation des habitations, c’est-à-dire qu’il rendra l’apposition d’une numérotation obligatoire sur les immeubles dès qu’elle aura été décidée par les Conseils Municipaux, le propriétaire ne pouvant s’y opposer.
Cet acte présidentiel se justifie par le fait que l’adressage répond à un besoin d’amélioration de la sécurité des citoyens et de leur bien (service d’urgence, pompiers, forces de défense et de sécurité), d’efficacité des services rendus (distribution de courriers et de colis, desserte en eau, électricité, gaz, fibre optique, statistiques nationales, etc.) grâce à une localisation de chaque domicile à partir d’une adresse précise.
Pour terminer, compte tenu de ce qui précède, je sollicite l’implication et l’accompagnement des autorités, en particulier du Président de la Transition, Chef de l’Etat, le Colonel Mamadi Doumbouya afin que nous mettions ce projet en œuvre, à minima dans la commune de Kaloum pendant cette Transition. Les autres communes seront adressées progressivement.
Que Dieu Bénisse la Guinée et les guinéens. Amen !
Diarra DOUMBOUYA
Ingénieur, Administrateur et Contrôleur de Grands Projets
MBA, Université de l’Ecosse de l’Ouest, Royaume-Uni
PMP, Project Management Institute, Pennsylvanie, Etats-Unis
Master 2 Informatique, Université Paul Sabatier, Toulouse, France,
Mastère Business Strategy and Development, Icademie Business School, France
Maitrise MIAGE, Université de Labé, Guinée
Contact : diarra.doumbouya@outlook.com