La CRIEF, chronique de Jacques Lewa.

La cour de répressions des infractions économiques et financières a du pain sur la planche. Elle devra se donner les moyens et la méthode pour coincer les voleurs de deniers publics. S’il y a eu vol, si les projets n’ont pas été conduits à terme parce que les fonds ont été détournés, il faut absolument trouver les coupables. Les guinéens ne se contenteront pas des effets d’annonce. Ils tiendront à ce que justice soit faite. Ils demanderont que l’argent qui leur a été volé avec autant d’arrogance leur soit restitué. La moralisation de la vie publique, passera forcément par des sanctions exemplaires.

Notre pays souffre de la mauvaise gestion. Il souffre du vol sans cesse des fortunes collectives. Les pratiques ont toujours été dénoncées, mais rien de plus. Le gouvernement d’Ibrahima Kassory Fofana, le dernier de l’ancien président Alpha Condé avant le coup d’Etat, avait promis de sévir. Il n’a rien fait. Au contraire, il s’est vite montré complice et protecteur des suspects dans les affaires de corruption et de vols présumés. Le Nabaya Gate, dont le dossier est déjà pendant devant la CRIEF en est une illustration. Kassory qui s’était engagé à mettre un terme à la corruption, s’est opposé avec toute son équipe, à l’ouverture d’une enquête sérieuse sur les faits relayés par la presse.

Le pays est en retard et cela fait plaisir à ceux qui ont eu le privilège de participer à sa gestion. Parce qu’ils ont eu en réalité le temps et la liberté de le piller. L’argent sorti des caisses de l’Etat pour équiper nos hôpitaux, n’a pas servi à cela. Conséquence, nos établissements sanitaires n’aident pas à soigner. Mais ils peuvent bien s’en foutre, car après tout, ils ne vont jamais se soigner sur place en cas de maladie. Donc les cas des indigents ne les préoccupent pas. Ce n’est pas parce qu’ils en parlent dans des discours creux, ils ne pensent qu’à leur nombril dans les faits. Les enfants prématurés qui meurent à Donka, faute d’électricité stable, ne les émeuvent pas. Mais ils nous diront toujours qu’il n’ya pas de preuve les incriminant.

L’argent décaissé pour fournir l’eau potable aux populations est détourné. Nous le savons tous dans certains villages, nos compatriotes boivent encore l’eau de marigot. L’eau sale pour mourir. L’eau qui manque dans des établissements scolaires qui ne disposent en réalité que de simples hangars pour abriter les classes d’infortunes. C’est dans des conditions pénibles que des enseignants mal payés tiennent des cours difficilement assimilables par des enfants affamés. Mais ils ne se sont jamais bougés pour eux et pour leurs parents. Leurs enfants ne connaissent ni ces endroits, ni ces conditions.

Pour toutes ces raisons il faut assainir. Dès lors que nous sommes tous d’accord qu’il y a eu détournement de deniers publics, il faut forcément trouver ceux qui n’ont pas aidé à mettre en place une politique sociale, capable de prendre en charge les démunis. Ceux qui n’auront pas aidé à doter le pays d’un réseau routier de qualité pour désenclaver les zones de production. Ceux qui, se comportant comme de véritables commerçants, se sont engagés à détruire tous les leviers de production interne. Ils n’aiment pas la Guinée.

Jacques Lewa.