Le RPG menacé de passer à la guillotine, fait bonnes recettes chez la junte ( Edito sur Djoma Mognouma)

La junte en panne d’actions clinquantes pour conforter sa légitimité, bondit sur sa proie facile.

Elle trouve l’opportunité de rallier les plus sceptiques, ces grands soutiens qui ont commencé à nourrir des doutes quant à l’orientation de la transition et à questionner la méthode et la stratégie qui avaient du mal à fédérer.

Pour preuve, comme un air d’agacement, des acteurs politiques ont fait poindre des bribes de déclaration pour faire valoir leurs inquiétudes.

Ce jeudi 04 novembre, le CNRD a trouvé l’agneau de sacrifice dans le viseur de l’opinion qu’est le RPG-AEC, le parti des anciens dignitaires du pays.

Les nouvelles autorités étaient donc convaincues, que bondir sur cette proie facile, leur permettait de passer des jours tranquilles, s’attirer de nouveau, la sympathie d’une opinion qui était commençait à devenir hostile et qui en a marre de revoir les anciens très proches collaborateurs d’Alpha Condé, revenir, comme si de rien n’était, jouer des rôles sur la nouvelle scène politique.

Alors que les militants et responsables du navire jaune n’avaient pas encore fini de célébrer leur retour en force avec la conférence de presse organisée au siège du parti, laquelle conférence qui a connu une grande mobilisation, la junte douche cet espoir.

Elle va convoquer les anciens ministres et d’autres pontes du régime défunt qui se croyaient ainsi sortis de l’auberge. C’est du berger à la bergère.

La rencontre, cette autre rencontre, a eu lieu au palais Mohamed V, dont ces anciens caciques étaient, il y a un peu plus de deux mois, les véritables maitres.

C’est une scène, brève mais sulfureuse, racontée par des témoins fiables et désintéressés, révélatrice de la fragilité de ceux qui, hier, savaient tout justifier, et qui semblent aujourd’hui inaudibles à dénoncer ce qu’ils subissent, qui s’apparentent à de l’acharnement, donc au déni de justice. Sauf que le CNRD s’est engagé à faire autrement, et mieux faire pour ne pas amener les Guinéens à regretter le régime déchu.

Le rappel à l’ordre est cinglant. La junte sort ses griffes et tance sérieusement ses interlocuteurs qui sont ainsi présentés, de par ces convocations à répétition, comme des prévaricateurs, des parias, des bannis de la République. Tout cela, hélas, rappelle les anciennes pratiques.

Comme si cela ne suffit pas, peu après la rencontre, nuitamment, c’est un communiqué qui vient confirmer la mise en garde sérieuse faite contre des anciens dirigeants du pays, membres du RPG, qui se sont autorisés, sans avoir le quitus de leurs maîtres, de briser le silence en menant comme si de rien n’était, leurs activités politiques .

«Le CNRD a le regret de constater que les agissements de certaines formations politiques et des activistes sont de nature à troubler l’ordre public et la quiétude sociale », a menacé la junte qui ne s’est d’ailleurs pas empêchée de justifier ses pas de clercs, plutôt ses actions, comme le faisaient, dans les temps, ses victimes, anciens dignitaires en ces termes : Il est important de rappeler qu’avant le 05 septembre 2021, les libertés publiques, individuelles et collectives des guinéens avaient été totalement confisquées ».

Le RPG risque de passer à la guillotine. Difficile de compter sur la relève qui a été guillotinée. Ces jeunes et femmes qui étaient pourtant engagés à donner un sens à la volonté de pérennité du parti, ont fini par s’essouffler devant une pratique qui les empêchait de prendre des initiatives et de les faire prospérer.

Il ne faut surtout pas compter sur le CNRD dont la nouvelle posture révélée dans son communiqué passé à la télévision nationale, ce jeudi, présage une décapitation du RPG, pour le moment, sur la base de la clameur publique.

 

Mognouma