Les États-Unis accusent la Russie d’une Cyberattaque majeure.

Mandatory Credit: Photo by Pablo Martinez Monsivais/AP/Shutterstock (10341901g) President Donald Trump points to a member of the media to speak before boarding Marine One helicopter on the South Lawn of the White House in Washington, for the short flight to nearby Andrews Air Force Base, Md Trump, Washington, USA - 19 Jul 2019

Washington a pointé, vendredi 18 décembre, la responsabilité de Moscou derrière la cyberattaqued’envergure qui a frappé les États-Unis, et qui a été détectée dernièrement.

« C’était une entreprise très importante, et je crois que nous pouvons maintenant dire assez clairement que ce sont les Russes qui se sont engagés dans cette activité », a dit Mike Pompeo lors de l’émission du commentateur politique Mark Levin, The Mark Levin Show. Le secrétaire d’État a dénoncé une opération de grande ampleur consistant notamment, en utilisant un logiciel, à « entrer dans des systèmes du gouvernement américain ».

La Russie a fermement démenti être impliquée dans cette affaire. « La Russie ne mène pas d’opérations offensives dans le cyberespace », a déclaré l’ambassade russe à Washington.

L’étendue de la cyberattaque ne cesse de s’élargir à mesure que l’on découvre de nouvelles victimes, au-delà des États-Unis, ravivant les craintes face aux risques d’espionnage.

« C’est une attaque majeure. Je dirais qu’elle est probablement encore en cours » et « sans précédent », a dit vendredi sur la chaîne Fox News l’élu républicain Marco Rubio, président de la commission du Renseignement au Sénat. Il a évoqué, comme le gouvernement la veille, « une grave menace pour l’État fédéral, les collectivités locales, les infrastructures cruciales et le secteur privé ».

Des pays touchés en Amérique du Nord, en Europe et au Moyen-Orient

Microsoft a indiqué, jeudi soir, avoir informé plus de 40 clients touchés par le logiciel utilisé par les pirates, qui pourrait leur permettre un accès sans entraves aux réseaux des victimes.

« Environ 80 % de ces clients se trouvent aux États-Unis, mais notre travail a aussi permis d’identifier à ce stade des victimes dans plusieurs autres pays », a déclaré le président de Microsoft, Brad Smith, sur le blog du géant informatique. Les pays concernés sont le Canada, le Mexique, la Belgique, l’Espagne, le Royaume-Uni, Israël et les Émirats arabes unis.

« Le nombre de victimes et les pays touchés vont continuer à augmenter, c’est certain », « créant une vulnérabilité technologique grave pour les États-Unis et le monde », a prévenu Brad Smith. « Ce n’est pas de l’espionnage ordinaire, même à l’ère numérique. »

Le gouvernement américain n’a découvert que la semaine dernière cette attaque lancée dès mars, sinon plus tôt.

« Gravité de la situation »

Si le sénateur Rubio a estimé qu’un État étranger était bien derrière cet acte « patient », « sophistiqué » et « bien financé », il s’est gardé d’aller plus loin. « Quand vous désignez quelqu’un, vous devez être certain » car « c’est comme un acte de guerre », a-t-il dit.

Mais les soupçons des experts en sécurité informatique convergent vers Moscou, et Mike Pompeo a officialisé vendredi cette accusation.

Pour James Andrew Lewis, du cercle de réflexion Center for Strategic and International Studies, « il n’y a que peu de pays qui ont l’expertise et les ressources pour mener une telle attaque, et la Russie en fait partie ».

Mike Pompeo avait d’ailleurs suggéré dès lundi une possible implication d’acteurs russes, évoquant des tentatives persistantes de tels acteurs pour « entrer dans les réseaux » des ministères et entreprises américains.

« C’est comme si des bombardiers russes avaient survolé notre pays tout entier de façon répétée sans être repérés », a commenté jeudi le sénateur républicain Mitt Romney, déplorant « le silence et l’inaction inexcusables de la Maison Blanche » du président Donald Trump.

Son collègue démocrate Mark Warner a aussi jugé « extrêmement préoccupant que le président ne semble pas prendre acte de la gravité de la situation, et encore moins y apporter une réponse ».

Le président élu Joe Biden a promis d’en faire « une priorité » dès sa prise de fonctions le 20 janvier.

Menace pour la sécurité nationale des États-Unis

John Dickson, de la société spécialisée dans la sécurité Denim Group, explique que de nombreuses entreprises privées potentiellement vulnérables se démènent pour renforcer leurs protections, allant jusqu’à envisager de rebâtir totalement leurs serveurs. « C’est tellement gros que tout le monde évalue les dégâts en ce moment », a-t-il dit à l’AFP. « C’est un coup grave porté à la confiance dans l’État et dans les infrastructures cruciales. »

Les hackeurs ont réussi à compromettre le logiciel Orion de la firme américaine SolarWinds, utilisé pour la gestion et la supervision de réseaux informatiques de grandes entreprises ou d’administrations.

L’Agence de sécurité nationale, qui supervise le renseignement militaire américain, a appelé à une vigilance accrue pour empêcher un accès des pirates aux systèmes clés de l’armée ou de l’État.

De fait, les experts soulignent la menace que cette cyberattaque représente pour la sécurité nationale, non seulement en cas de prise de contrôle des infrastructures cruciales mais aussi en cas d’accès au pilotage des réseaux de distribution de l’électricité ou d’autres services publics.

Selon les informations connues à ce stade, les pirates ont réussi à pénétrer les emails internes du Trésor et du ministère du Commerce américains. Le ministère de l’Énergie a confirmé vendredi avoir été touché, tout en assurant que le logiciel malveillant avait épargné ses missions les plus sensibles, notamment la branche chargée de la sécurité de l’arsenal nucléaire.

Avec AFP