Cette lettre vous est adressée par un fils de la Guinée de Sékou Touré, de Elhadj Bocar Biro, de Samory Touré et de Nzebela Togba. En moi et mes concitoyens coule le sang de ces guerriers qui furent les premiers à dire non au colon.
Je veux que vous sachiez que la Guinée n’a et n’aura jamais peur de personne. L’histoire est encore fraîche. La Guinée est ouverte mais elle reste une forteresse implacable contre toute ingérence envahissante.
Sachez que la Guinée fera fléchir le genou à toute personne qui tentera de s’ingérer dans ses affaires. Le peuple de Guinée est trop jaloux de son indépendance pour se laisser dicter sa conduite à tenir.
Certes, vous avez hérité du pays de Senghor, mais je vous rappelle que le président Alpha Condé a également hérité du pays de Ahmed Sékou Touré. Si vous êtes prêt à poursuivre la politique de Senghor, alors le président Alpha Condé est tout autant prêt à poursuivre celle du président Sékou Touré.
Sachez que le peuple de Guinée n’a pas changé, sa mémoire est demeurée intacte, sa volonté et sa détermination sont inaltérables.
La Guinée restera aux guinéens et le Sénégal aux sénégalais. Le Sénégal est un pays voisin, il ne peut donc se permettre de se mêler des affaires de la Guinée. Si vous avez des amis en Guinée, c’est votre droit, mais cela ne vous donne pas le droit de fourrer le nez dans nos affaires internes.
Les guinéens de 1958 n’ont pas demandé l’avis de vos prédécesseurs pour arracher leur indépendance, notre génération n’a rien à cirer de votre avis dans le choix de nos dirigeants. Si vous aimez vos amis guinéens comme vous le prétendez, donnez leur votre chaise; chez nous en Guinée, nous la donneront à celui que nous choisirons.
Si vous comptez tirer profit des richesses de la Guinée en parachutant vos amis à Sekhoutouréya, vous vous foutez l’orteil gauche dans l’œil. Le peuple de Guinée demeure vigilant et prêt à vous tenir en échec.
Maka N’denda Bah