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Lounceny Fall : « Sidya a dit à Marcel ‘’mais qu’est-ce que moi je t’ai fait ? Et Marcel a répondu, vous n’allez jamais gouverner ce pays… »

Ce mardi 28 mars à la barre du Tribunal criminel de Dixinn en charge de juger les événements du 28 septembre 2009, l’ancien Premier ministre guinéen, a, dans sa déposition, soutenu que c’est bien le commandant Toumba Diakité, qui les a sauvés en les conduisant au Haut commandement de la Gendarmerie nationale, sis à Kaloum.

Lounceny Fall déclare ne pas savoir qui a ouvert les portes du stade du 28 septembre mais il assure que ce sont les militaires entrés dans le stade qui ont commencé à tirer sur la foule.

« Nous ne savons pas comment les portes du stade ont été ouvertes mais ce qui est sûr, nous sommes rentrés au stade (…) Aussitôt, nous avons entendu des crépitements d’armes à l’extérieur suivis d’une grande nuée de gaz lacrymogène qui a envahi tout le stade (…) nous étions à la tribune mais de là où nous étions, on arrivait plus à respirer avec l’odeur sulfureuse du gaz lacrymogène (…). Il y a eu un mouvement de panique, les tirs de l’extérieur ont précédé l’entrée des soldats à l’intérieur du stade et quand ils ont fait leur entrée, de là où je t’ai, j’ai reconnu le commandant Aboubacar Sidiki Diakité qui était facilement reconnaissable (…) tous les Guinéens le connaissaient parce qu’on le voyait toujours avec son regard sévère derrière le président du CNDD. Les militaires entrés dans le stade ont commencé à tirer sur la foule qui était en débandade, une foule dans un endroit fermé, les portails tenus par les militaires avec les murs hauts, tous les militants des partis de Guinée étaient dans ce stade, la panique a gagné le monde, les gens courraient partout et j’ai vu des jeunes tombés sur la pelouse car les militaires tiraient sur eux. Sidya m’a demandé tu as vu ils sont en train de tuer les jeunes ? J’ai dit oui j’ai vu ils sont en train de tuer les jeunes, je ne pouvais jamais imaginer que cela pouvait se produire dans mon pays. C’est en ce moment que nous avons vu le commandant Toumba monter les escaliers vers nous, dès qu’il est monté, le groupe de militaires qui étaient derrière lui s’est emparé de nous. Sidya a reçu un violent coup de crosse sur sa tête ensuite j’ai reçu un violent coup je suis tombé sur les gradins c’est ainsi que nous sommes descendus, toujours suivis par ces assaillants jusque dans la pelouse. Une fois sur la pelouse j’ai vu notre collègue Cellou Dalein avec au moins 6 à 7 militaires, ils étaient nombreux, qui étaient en train de l’étrangler littéralement, le rouant de coups. Je l’ai vu entre leur main et pendant que nous étions arrêtés j’ai vu Marcel asséner un violent coup sur la tête de Sidya Touré et puis ce sera mon tour avec un violent coup de matraque sur ma tête, je suis tombé, je me suis accroché à la ceinture de Mouctar Diallo et mon garde de corps qui était habillé comme les autres policiers m’a couvert avec son corps et moi accroché à Mouctar, Sidya devant c’est en ce moment que Toumba, a essayé de dégager les militaires, difficilement il nous a extrait et il nous a demandé de le suivre. C’est ainsi que nous sommes sortis de l’intérieur du terrain de football et nous l’avons suivi, nos assaillants nous suivaient toujours. Arrivée au niveau du palais des sports, on a vu des militaires en train de déshabiller des femmes, de battre des femmes, il y avait une femme qui était presque nue, qui était tirée vers le palais des sports et c’est ainsi que nous avons marché jusqu’à l’esplanade du stade du 28 septembre, arrivés là, nous avons retrouvé notre infortuné Jean Marie Doré qui n’avait plus sa veste et sa cravate, il était battu à sang et j’ai eu le cœur meurtri pour voir exactement ce qui est arrivé à ce vieil homme, il est venu vers nous, c’est en ce moment que Toumba nous a embarqué dans son véhicule », révèle Lounceny Fall.

L’ancien diplomate est aussi revenu sur le secours apporté par l’ancien aide de camp du capitaine Moussa Dadis Camara, le commandant Toumba Diakité et mis en cause Marcel.

« Nous avons tous été embarqués dans ce véhicule, Sidya Touré, Jean Marie Doré, Mouctar Diallo et moi-même. Lorsqu’il nous a embarqués dans son véhicule, il est reparti en courant vers le stade. Pendant ce temps, Marcel et ses hommes tournaient autour du véhicule, ils proféraient des menaces, c’est en ce moment il a donné un violent coup de matraque dans le visage de Sidya Touré, Sidya lui a dit mais qu’est-ce que moi je t’ai fait ? Et Marcel a répondu, vous n’allez jamais gouverner ce pays, on va vous tuer tous, c’est en ce moment qu’on a vu Toumba revenir en courant toujours, il a démarré et il a pris la route de Donka, à une très grande vitesse et il nous a envoyés à la clinique Ambroise. Et lorsque nous sommes descendus, on a vu encore Marcel surgir et commandant Tiègboro était présent sur les lieux quand il y a eu l’altercation entre Marcel et Toumba, ils ont eus une longue discussion après Toumba l’a tiré vers un côté mais Marcel tenait à ce qu’on nous envoies au camp Alpha Yaya et Toumba tenait à ce qu’on nous soigne à la clinique, colonel Tiegboro a essayé timidement d’intervenir auprès de Marcel, ça n’a pas marché et à la suite Marcel a sorti une grenade pour dire que si on nous recevait dans ce dispositif hospitalier il allait faire exploser la clinique. Toumba ayant compris qu’il n’avait pas la possibilité de nous faire admettre dans cette clinique, il nous a ré-embarqué dans son véhicule, il nous a conduit cette fois-ci au Haut commandement de la Gendarmerie nationale et c’est là il nous a déposé. Nous sommes restés là-bas pendant un bon moment », a-t-il décrit ce mardi 28 mars 2023.

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