A l’occasion de l’ouverture du prices du 28 septembre 2009, la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Pramila Patten a indiqué « la Guinée devrait sortir grandie de cet évènement et prouver au monde qu’elle a été capable à travers ses instances judiciaires nationales de juger les responsables de ces crimes dans le cadre d’une souveraineté judiciaire accomplie ». Discours…
Salutations protocolaires
Je salue l’ouverture du procès du massacre du 28 septembre 2009, treize ans après le déroulement de ces événements tragiques et douloureux.
En ce jour historique, je félicite le gouvernement de la Transition pour cette volonté politique affichée et de ces actions positives réalisées en si peu de temps.
Aujourd’hui n’est que le point de départ d’un processus qui devrait aboutir au retour de la sérénité au sein de la société guinéenne et que nous nous proposons d’accompagner jusquà son aboutissement.
L’ouverture de ce procès constitue une avancée sans précédent pour la Guinée qui, je l’espère, répondra aux attentes des victimes, de la société guinéenne et de la communauté internationale. Sa réussite sera un gage de l’engagement du gouvernement pour la lutte contre l’impunité, qui a si longuement endeuillé les victimes des violations graves de droits humains. Elle sera aussi la manifestation de la ferme volonté politique de tourner la page de l’arbitraire et de renforcer l’état de droit à travers un procès qui se doit d’être équitable et transparent, mené par une justice indépendante, impartiale et respectueuse des droits de toutes les parties.
Il est essentiel pour sa crédibilité que ce procès se tienne dans le respect des normes internationales, y compris concernant le suivi des règles de procédure, la pleine participation des victimes, la sécurité et la protection de tous les acteurs du procès.
Dans le cadre de cette procédure pénale, il sera aussi primordial que les droits de la défense soient également pleinement respectés, à toutes les étapes de la procédure judiciaire.
Excellences, mesdames et messieurs,
Pendant une décennie, les Nations Unies, et particulièrement mon bureau ont travaillé avec les autorités judiciaires afin de soutenir les efforts en faveur de la justice. Nous avons accompagné ce processus dès ses premières heures, depuis l’instruction du dossier jusquà la clôture de l’information par l’ordonnance de renvoi, et la mise en place d’un Comité de Pilotage, sur notre proposition, pour l’organisation des audiences. En vertu de mon mandat, mon Bureau a mis l’accent sur la lutte contre les violences sexuelles et ses conséquences, rendu d’autant plus important compte tenu de l’exclusion et la stigmatisation dont souffrent les victimes.
Mon Bureau ainsi que le Bureau du Procureur de la Cour Pénale Internationale a joué un rôle essentiel en encourageant l’organisation de ce procès, grâce à notre suivi constant et à nos visites régulières à Conakry, et l’appui des agences résidentes du système de Nations Unies en Guinée.
Nous restons déterminés, comme nous l’ont demandé les autorités guinéennes, à poursuivre et même renforcer notre soutien pour accompagner le processus notamment en matière d’appui au personnel judiciaire ; protection de victimes, témoins et acteurs judiciaires ; et aux réparations transformatives et efficaces.
Je salue la détermination du gouvernement pour l’ouverture du procès a l’occasion du 13eme anniversaire des évènements. La Guinée devrait sortir grandie de cet évènement et prouver au monde qu’elle a été capable à travers ses instances judiciaires nationales de juger les responsables de ces crimes dans le cadre d’une souveraineté judiciaire accomplie.
Mesdames, messieurs,
Je me souviendrai toujours des mots d’une survivante que j’avais rencontrée en 2018 lors de ma dernière visite, qui m’a dit : « Depuis ce jour, nous pleurons, puis nous séchons nos larmes et nous espérons obtenir justice, vérité, reconnaissance et réparations ».
Au nom des Nations Unies, j’exprime toute ma solidarité avec les victimes, leurs proches, et les organisations qui les ont accompagnées tout au long du processus.
Le dossier du 28 septembre constitue un véritable baromètre de la volonté du pays à faire face à son passé, ce qui devrait renforcer la cohésion sociale et favoriser une réconciliation nationale véritable.
Je formule le vu que tous les acteurs du procès seront à la hauteur de l’évènement et leur réaffirme mon soutien pour le noble travail qui les attend.
Je vous remercie.