Mais pourquoi humilier Cellou Dalein ?

« À l’aéroport, j’ai pu cette fois-ci accomplir sans difficultés toutes mes formalités aussi bien au niveau de la compagnie qu’au niveau de la police des frontières. Je suis resté même une heure dans le salon business. Je me suis embarqué dans l’avion avec Nadia Nahman, ma Cheffe de cabinet, vers 14h30. Au moment de la fermeture des portes pour le décollage, la police a fait irruption dans l’avion et a discuté quelques minutes avec le personnel à bord qui m’a finalement notifié que la police exige mon débarquement. Je me suis exécuté et à la sortie un policier m’a retiré mon passeport. Une autre manière de gouverner autrement » (Cellou Dalein Diallo in Africaguinee). Humiliation. On met du temps à accepter ce mot à son égard. Mais c’est lui qui finit par s’imposer ! Débarquer de l’avion un ancien premier ministre, ancien député, qui plus est le chef de file de l’opposition extra-parlementaire –rappelons que bon an mal an, près de deux millions de Guinéens votent pour lui et s’identifient à son combat-, ne peut être qualifié que par ce mot choisi par la langue française à propos.

Dans l’exercice du pouvoir, il est des méthodes qui ne sont ni républicaines, encore moins catholiques ou…musulmanes ! Et qui pourraient avoir des implications négatives sur des relations –qui en principe devraient être raffinées- entre hommes politiques. C’est évidemment un mauvais signal donné à la base dont la radicalisation porte les germes de la violence qui pourrait survenir dans le pays.

Cellou dans la conquête du pouvoir a certes utilisé des formules peu orthodoxes teintées d’un discours mal maitrisé qui a eu comme effet, le désastre. A sa décharge, il n’était pas le seul à utiliser les mêmes stratégies. D’ailleurs, le leader de l’UFDG n’a-t-il pas suffisamment payé en se faisant battre à plate couture à la présidentielle ? En enregistrant des militants et cadres de son parti incarcérés ? En perdant de nombreux soutiens financiers ? En voyant ses bureaux fermés ? Et tutti et quanti.

Force est de constater qu’il n’arrive même plus à faire bouger ses militants…La preuve ? Toutes les manifs qu’il a appelées aux lendemains de la présidentielle ont été un fiasco. Si fait qu’il a lui-même mis balle à terre. Ou plutôt pour paraphraser un observateur de la scène politique guinéenne, on lui a retiré la balle, et il n’a plus avec quoi jouer.

Cellou n’est certes pas au-dessus de la loi. C’est une Lapalissade. Dans ce sens, la justice devrait officiellement ouvrir des informations si elle a des griefs contre lui et agir en conséquence.

Cellou, ce mardi 16 mars à l’aéroport de Conakry, a été abaissé. C’est à se demander si nos hommes politiques veulent coute que coute troquer un cadre de débat policé- seul espace qui pourrait faire avancer le pays- contre une arène de Gladiateurs où se faire des cadeaux est un antijeu. Ce qui est écœurant bien sûr.

Par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com