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Mohamed Béavogui, Premier Ministre et Chef du gouvernement : un héritier à la Primature

Un mois et un jour après la déchéance de l’ancien Président, Alpha Condé, la dissolution de son Gouvernement et des Institutions ainsi que la mise en berne de la Constitution par le CNRD, le 5 septembre 2021, et 6 jours, après la prestation de serment, le 1er octobre 2021, de son Président devenu ainsi Président de la Transition, Président de la République, le Colonel Mamadi Doumbouya a nommé, ce mercredi 6 octobre 2021, Monsieur Mohamed Béavogui dans les Fonctions de Premier Ministre, Chef du Gouvernement Guinéen.

Cette nomination est une étape importante dans le lancement officiel de la période Transitoire tant attendu. En attendant la formation du prochain Gouvernement, il faut préciser que Mohamed Béavogui et son équipe auront la mission de mettre en œuvre le programme défini par le Président du CNRD, Mamadi Doumbouya dans sa déclaration de prise du pouvoir et largement définie dans la Charte de la Transition.

Il s’agit de la refondation de l’Etat et de plusieurs réformes dont les principaux axes sont la moralisation de la gestion des affaires publiques qui passe par un exhaustif état des lieux, un audit complet des finances publiques et des grands dossiers du pays hérités de l’ancien régime afin que les cadres véreux répondent de leur gestion, la réconciliation nationale et la consolidation de l’unité nationale, la dépolitisation de l’administration, la désinstrumentalisation de la justice, la création des conditions optimales pour l’organisation d’élections crédibles, transparentes de la base au sommet.

Il faut dire que le nouveau Premier ministre est un Guinéen transversal. En effet, c’est à Porédaka (Pensées émues pour feu doyen Elhadj Abdoulaye Poredaka Diallo, grand chroniqueur de langue nationale à la RTG. Paix à son âme. Amen) à Mamou, ville carrefour par excellence de la Guinée, que Mohamed Béavogui a vu le jour, le 15 août 1953.

Ce nouveau-né est produit d’un père issu de la région Forestière guinéenne, Macenta précisément, feu Koman Béavogui, ancien diplomate et frère du tout premier Premier Ministre Guinéen, feu Dr Louis Lansana Béavogui et d’une mère de la Moyenne Guinée, feue Hadja Laila Diallo, sœur aînée de feu Diallo Telli, le tout premier Secrétaire Général de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA).

Cependant, si ses racines sont Forestière et Foutanienne, c’est dans la Région Côtière, où toute la Guinée se résume, que Mohamed Béavogui a réellement germé avec un début de scolarité à l’école primaire de Coléah 3 puis le secondaire au CER (Centre d’Enseignement Révolutionnaire) (actuel lycée Donka) avant d’être orienté à l’Institut Polytechnique Gamal Abdel Nasser en 1972. De ce cursus scolaire et universitaire sanctionné par de très bons diplômes, Mohamed Béavogui s’est construit une vraie famille dans laquelle se retrouve toute la Guinée par des fraternités et amitiés scellées avec les jeunes de sa génération venus de presque tous les villages de la Guinée.

Cette famille transversale est celle de la vie, de la réalité du nouveau Premier Ministre Guinéen. Née sur les bancs et dans les quartiers en Guinée, elle s’est consolidée à l’extérieur du pays notamment en Union soviétique où Mohamed Béavogui, boursier comme de nombreux condisciples de sa génération, est sorti diplômé en Construction Mécanique et Engins de Mines de l’Université Polytechnique de Leningrad (actuellement Saint Petersburg, Russie). Tout comme au Camp NKrumah où Mohamed Béavogui a fini sa formation comme tous étudiants de l’époque et assista aux séminaires du Responsable Suprême de la Révolution, sous le régime du feu président Ahmed Sékou Touré.

Aux États-Unis, outre ses compatriotes, le Guinéen Mohamed Béavogui a croisé ke chemin de beaucoup d’africains et est sorti titulaire d’un diplôme de la prestigieuse Kennedy School of Gouvernement de l’Université Harvard aux États-Unis. Il en a été ainsi dans sa carrière professionnelle qui commence par son engagement à la Fonction Publique avec un court stage à la compagnie des bauxites de Guinée (CBG) à Kamsar avant d’être nommé en 1980 Directeur du Centre Pilote de fabrication industrielle situé près de Conakry.

Sa carrière internationale commence en 1982 jusqu’en 1986 à Ibadan au Nigeria, quand il remporte un concours des Nations unies pour le poste d’Ingénieur au Centre africain régional de design et d’ingénierie. En 1986, la FAO le recrute comme conseiller technique puis senior chargé de programme. Le poste se trouve à Bujumbura, Burundi. En 1992, il est muté au siège de la FAO à Rome où il devient chargé de programme Senior au siège social. Le Bureau des Nations unies vient taper à la porte et en 1994 et il devient Gestionnaire Senior d’un portefeuille de projets de Bureau de l’ONU pour les services d’appui aux projets. Une tâche colossale, car il était chargé de superviser des millions de dollars de projets de développement. Le travail aidant, Mohamed Béavogui en 1998 est promu Directeur Régional de l’Agence avec siège à Abidjan. Là, il coordonne les projets dans la sous-région et s’assure qu’ils sont délivrés à temps et dans les normes. Son budget était estimé à plusieurs centaines de millions de dollars américains à l’époque.

En 2001, c’est le Fonds International de Développement de l’Agriculture (FIDA) qui le prend comme Directeur Régional des Opérations de l’Afrique de l’Ouest et du Centre puis Directeur du partenariat et mobilisation des ressources en même temps Conseiller du président de la FIDA. En 2014, le Guinéen Mohamed Béavogui est choisi pour diriger l’organisme continental africain autonome dénommée Mutuelle Panafricaine de Gestion de Risques. Depuis janvier 2015, Mohamed Béavogui est basé à Johannesbourg, Afrique du Sud comme Directeur Général de l’Agence Africaine de Renforcement des Capacités. En septembre 2018, il est invité au Forum de Davos comme partenaire sur les discussions annuelles.

Il n’est pas inutile de préciser que partout où il est passé dans ses fonctions internationales, Mohamed Béavogui n’a pas oublié sa vraie Famille, la Guinée, celle qu’il s’est construite sur les bancs et dans les quartiers de Conakry. Il n’a jamais oublié son pays où il séjourne en longueur de ces années de carrière internationale.  C’est justement cet attachement à son pays, à ses compatriotes et cette transversalité du Fonctionnaire international célébré par de nombreux pays Africains avec des médailles et décorations diverses, que son nom a été proposé, à la fois, par les syndicats et la société civile comme Premier Ministre, Chef du Gouvernement en 2007.

Fair-play, il fut le premier à féliciter Lansana Kouyaté quand ce dernier lui a été préféré et a été nommé finalement par le Président Lansana Conté.  Il ressort que le nouveau Premier ministre Guinéen, Mohamed Béavogui est un héritier qui est resté sur les traces diplomatiques de son feu père Koma Béavogui et de ses oncles Telli Diallo, Premier Secrétaire Général de l’OUA et Lansana Béavogui, ancien Ministre des Affaires Étrangères. 37 ans après ce dernier qui fut le tout premier Premier Ministre de l’histoire de la Guinée, le voici, à partir de ce 6 octobre 2021, Premier Ministre, Chef du Gouvernement de Transition.

Enfin, neveu d’un oncle maternel, Boubacar Telli Diallo, arrêté et mort au Camp Boiro du régime révolutionnaire incarné par l’oncle paternel, Dr Lansana Béavogui, compagnon fidèle et absolu du Responsable Suprême de la Révolution, le Président Ahmed Sekou Touré, le nouveau Premier Ministre, Mohamed Béavogui pourrait être un trait d’union entre les parties antagonistes Guinéennes, pour concilier les cœurs et apaiser les esprits. Un travail que nul n’a songé à faire auparavant.

Enfin, la structure du Gouvernement définie, le Président de la Transition et son Premier Ministre devraient être fermes sur le fait que le service public à quelque niveau que ce soit n’est pas un gâteau à partager, ne doit pas faire l’objet de marchandage encore moins de chantage en cette période où la ruée vers les ors de la République est débordante.

Face aux multiples défis à relever avant le retour à l’ordre constitutionnel, la moralité des prétendants doit être au-dessus de tout soupçon.

Veuille Allah, notre créateur, leur en donner les moyens et la force. Amen

Abdoulaye Condé

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