Restée longtemps dans les tuyaux, la création de nouvelles communes, tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays, est cet autre sujet antinomique au football, qui passionne les débats, alors que toutes les attentions au pays, sont à juste raison embrigadées par la CAN 2023, et plus particulièrement par les prestations du Syli national dans cette compétition.
Une équipe Guinéenne séduisante, certes ; mais qui reste perfectible au regard de nombreuses fioritures dans son jeu.
On peut bien comprendre, à cet effet, l’importance et la place de choix qu’occupe ce sujet dans le débat public.
Le samedi 20 janvier 2024, restera dans l’histoire de la Guinée. C’est la date choisie par les conseillers nationaux du CNT, pour entériner la création de ces nouvelles communes.
L‘adhésion à cette initiative gouvernementale des conseillers de cette assemblée de transition, dont le rôle, hélas ; se résume, du moins pour l’heure, aux votes des lois, cette adhésion est la preuve de la pertinence de ladite initiative.
Au total, 17 nouvelles communes, rurales et urbaines, ont été créées. Désormais, la ville de Conakry passe de 05 à 10 communes.
Comme on pouvait s’y attendre, le débat fait réagir les adversaires politiques du CNRD. Ce sont ces politiques membres de partis qui continuent de réclamer le retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Une conviction irréprochable, qui empêche cependant chez les acteurs concernés, de faire des raisonnements totalement déconnectés de la conviction qu’ils défendent, à tout vent, et parfois sans discernement. Celle d’un retour à l’ordre constitutionnel.
Point d’argument massue ! La rhétorique est bien connue. Un pouvoir de transition ne doit pas s’engager dans les actions de développement. C’est une logique élitiste, qui passe mal chez une population qui a longtemps souffert le martyr.
Difficile d’amener cette population à comprendre que la construction des routes, d’hôpitaux, de commissariats … est dévolue aux régimes issus des élections. Difficile également de convaincre les mêmes populations, suivant la même logique, à désapprouver la création des nouvelles communes, qui est une opportunité de les rapprocher de l’administration et de doter la localité d’infrastructures de base dans divers domaines.
Bref, c’est comme pour demander aux citoyens d’accepter que ce soient différées à plus tard , autant la que transition perdure, toutes les initiatives de développement.
L’exercice paraît difficile. Mais les politiques qui en ont gros sur le cœur contre le pouvoir militaire, s’y essayent, dans l’espoir de parvenir à inverser le cours des événements.
Ce n’était donc pas surprenant, le week-end dernier, de les entendre dans leurs QG, rejeter la création de ces nouvelles communes pendant la transition.
Loin de cette adversité qui s’exprime dans l’appréciation de tous les actes posés par les dirigeants actuels, il est difficile de comprendre qu’il y a un moment pour décider de la création de nouvelles communes devant permettre aux citoyens d’être désormais plus proches de l’administration, et d’avoir dans leurs localités nouvellement promues plus d’infrastructures scolaire, hospitalière, culturelle, sportive, sécuritaire…
A dire vrai, pour ce cas relatif à ces nouvelles communes, la préoccupation légitime devrait plutôt concerner la création, à Conakry, des préfectures dans les nouvelles communes créées. C’est dire qu’il y aura autant de préfets nommés proportionnellement au nombre de communes créées dans la capitale.
L’autre préoccupation, au-delà des polémiques liées au statut du porteur du projet, en l’occurrence le CNRD, c’est d’interroger la capacité de l’Etat à pouvoir parachever la mise en œuvre de son initiative, sachant que les finances sont exsangues, du fait d’une combinaison de facteurs.
Par ailleurs, il est incontestable que cette initiative, sculptée au burin par le CNRD, résume toute l’ambition et la priorité des militaires au pouvoir pendant cette période de transition.