L’informatisation n’est qu’une question, tout à fait normale, de modernisation, mais elle n’est pas la solution magique, en Guinée. Pour comprendre la suite, il est nécessaire de comprendre comment les agents des douanes et des impôts, détournent les recettes, et s’enrichissent, comme décrit ci-après :
Douanes : la valeur des taux d’imposition douaniers, pour toutes les importations, se calcule à partir d’un barème douanier établi par le ministère des finances.
C’est au moment de la détermination de cette valeur, que se situe l’escroquerie. En principe, une fois la valeur établie, l’importateur doit aller directement verser la totalité du montant, au trésor contre une quittance justificative. C’est exactement en moment, que l’agent de douane propose à l’importateur, de ne verser au trésor qu’un montant inférieur (exemple 30%), de lui verser cash (lui l’agent douanier-30%), et l’importateur lui (conserve 40%).
Impôts : Même démarche, comme à la douane. La seule différence se situe au niveau de l’établissement d’un faux bilan comptable d’activité a minima, à partir duquel se détermine la valeur de l’impôt. Bien entendu sous la supervision de l’agent des impôts, pour définir le montant à verser au trésor, le montant à donner cash à l’agent, et enfin l’économie faite par l’entreprise privée.
Pour les vendeuses du secteur informel, dans les marches, n’exigeant pas de bilan comptable, les agents des impôts sont encore mieux à l’aise, avec la délivrance directe de quittances sous-évaluées qui suit le processus de partage des recettes, comme décrit plus haut.
Une fois compris ce processus de corruption nationale, quelle solution pragmatique ?
Au lieu d’avoir à faire à une multitude d’importateurs, situation qui facilite la tâche a ses propositions mafieuses, l’Etat doit faire confiance (sans calcul ou crainte politique) à un patronat-chambre de commerce-d’agriculture-d’industrie très fort. Toutes ces chambres sous la tutelle d’un patronat, unique répondant devant l’Etat.
Ce patronat devra être capable de trouver des investissements privés extérieurs supérieurs à 100 millions de dollars. Investissements privés extérieurs, permettant de créer une banque nationale de développement.
Ce patronat doit, sans discrimination, faire enregistrer tous les entrepreneurs informels (y compris les vendeuses des marches), comme membres de ce patronat, donc pouvant bénéficier, au même titre que les gros importateurs, de prêts de cette banque de développement national.
Cet enregistrement des informels, sur tout le territoire, permet de les former, afin que l’Etat puisse collecter un large éventail de recettes.
Ensuite, et c’est à ce niveau que situe le pragmatisme, l’Etat doit accorder et signer un contrat de 4 zones franches en faveur du patronat, une par région naturelle, dans lesquelles zones franches sont stockées toutes les importations qui rentrent en Guinée.
Tous les entrepreneurs, gros, petits, étant membres de ce patronat, sont automatiquement copropriétaires de ces 4 zones franches, et en conséquence ont accès à égalité à l’achat de marchandises de ces zones franches, pour revente à l’extérieur. Pas de grossiste, demi-grossiste ou détaillant. Chacun vient y payer ce qu’il peut.
L’avantage est que les versements sont centralisés, la détermination des valeurs d’imposition est centralisée, le patronat est incorruptible par les agents des douanes, et par les agents des impôts les bilans étant centralisés. Au fur et à mesure que chacun des membres achète une quantité de marchandises, la part des douanes va directement au trésor, et le bilan est infalsifiable.
Un tel patronat, avec sa banque, ses 4 zones franches, sa discrimination zéro, ses financements, pourra rapidement regrouper en son sein, au moins 5 millions de guinéens actifs à travers tout le pays, dégraisser la fonction publique, créer un pouvoir d’achat permettant à chacun de donner un minimum de bien-être à sa famille, former les guinéens à plutôt apprendre à s’activer, à créer de la richesse pour eux-mêmes et leurs familles, au lieu de toujours vouloir être fonctionnaire improductif .
Une telle structure est le seul moyen de vaincre la pauvreté en Guinée, contrairement aux assistances (ANAFIC, ANIES et autres), qui ne permettent pas de se passer de l’assistance, aggrave l’opportunisme, l’inactivité.
La banque de développement financera, toutes les activités commerciales, agricoles, industrielles, des millions de guinéens membres de ce patronat.
Ceci n’a pas été possible, du temps du régime de Lansana Conté, ainsi qu’avec ce régime Alpha Condé, parce que ces politiciens veulent contrôler toutes structures d’activités privées, pour des raisons de pouvoir.
Il faut arrêter cette manière de penser, si nous voulons vaincre la pauvreté en Guinée.
Conclusions
1- En tout premier, dénoncer et stopper définitivement, l’enrichissement illicite des agents des douanes et des impôts.
2- Enregistrer les millions de guinéens actifs, dans le secteur informel, afin qu’ils s’acquittent des taxes. Les mettre en confiance à égalité d’assistance financière, avec les grandes sociétés.
3- Créer des millions d’activités de distribution, de production, dans les 4 régions naturelles.
4- Pousser et encourager des millions de guinéens, à plutôt se tourner vers des activités privées, à gagner de quoi vivre dignement, prendre soin de leurs familles et réduire le nombre de fonctionnaires corrompus en Guinée.
5- Plus il y aura de guinéens qui produisent leurs propres richesses et s’acquittent des taxes dans ce système compact et égalitaire, plus la surveillance et le contrôle seront accrus sur ceux qui choisiront de rester ou de s’orienter vers la fonction publique.
John BOLIVOGUI
CEO JCBBHOLDINGS-USA