Introuvables depuis des années, le Biélorusse Yuri Sushkin et les Ivoiriens Patrice Ouei et Ange Gnanduillet Attualy, les pilotes et co-pilotes présumés du raid, sont jugés en leur absence pour assassinat, tentative d’assassinat et destructions aggravées. C’est donc la peine maximale qui a été demandée à leur encontre.
Ce devoir, pour l’avocat général, « n’est pas de rajouter des hypothèses aux hypothèses » ou d’en choisir une, dit-il, citant Paul Valery : « Le mélange du vrai et du faux est plus faux que le faux lui-même. » Sur les commanditaires, il n’y a « pas de certitude dans le dossier », souligne le magistrat, si ce n’est « celle du cœur, pleine et entière, qu’il est inconcevable, pour quelque raison que ce soit, que la France porte la main sur ces propres soldats. »
Sur l’épisode togolais, le cadre juridique existait bien pour arrêter les pilotes présumés, insiste-t-il. Alors y a-t-il eu dysfonctionnement ? « L’État, on l’a vu, est une chaîne humaine, empruntant à l’humanité ses forces et ses faiblesses », pointe-t-il. Ou bien : « Raison d’État ? Erreur d’État ? Affaire d’État ? » s’interroge-t-il.
« Dans tous les cas le préjudice est certain pour la justice et les victimes. » Et reste « ce goût d’amertume qui fait que non seulement l’erreur, la négligence, le dysfonctionnement n’ont pas été assumés mais ils n’ont pas donné lieu à des excuses », dénonce l’avocat général, qui conclut sur un espoir : « Que la justice rendue, en mémoire des morts, contribue à être le ciment de l’unité et de la paix des vivants. »
RFI