Thierno Monénembo, ténèbres de la lumière partisane

« La jeunesse, c’est pour essayer d’apprendre, la vieillesse pour tenter de comprendre ». C’est par ce proverbe Allemand qu’il sied de répondre à la tribune de Thierno Monénembo, titré à dessein « La Guinée au bord de l’explosion ».

Encore lui, hier une lumière pour sa patrie qu’il a toujours voué aux gémonies, mais devenu au crépuscule de sa vie un don de cassandres. Pour lui, toutes les occasions sont bonnes pour souhaiter le pire au pays de ses ancêtres, où son nombril est enterré, et présenter ses autorités comme une foire d’empoigne.

On l’aurait compris, si son âge actuel pouvait justifier tant soit peu, ses analyses partisanes. Car, dans cette tribune où il explique l’anormalité de son pays par la proximité du dépôt de carburant avec les édifices publics en conditionnant que: « Si l’on était dans un pays normal, on se serait demandé pourquoi le principal dépôt d’hydrocarbures du pays a été installé en plein centre-ville, à un doigt du port, à un jet de pierre de la Présidence de la République, des ministères, des grands services publics et privés ».

Hoh ! Ce proverbe Allemand ne le rappelle-t-il pas que la vieillesse est de tenter comprendre. Se rappelle t-il de l’explosion de Tchernobyl survenue en Ukraine dans la nuit du 25 au 26 Avril 1986 ? A rappeler que le site était à 3 kilomètres de la ville de Prypiat et à 130 kilomètres de la capitale Kiev, mais cela n’a pas empêché d’avoir un bilan à vie.

Thierno Monénembo a-t-il oublié l’explosion du dépôt de carburant d’Abidjan, du port de Beyrouth…? Comme pour lui dire qu’une catastrophe est toujours liée aux tragiques imperfections humaines, organisationnelles et techniques.

En conséquence, ni la normalité, ni l’anormalité ne peut empêcher sa survenue.

Heureusement, Monenembo se rappelle que : « Les Guinéens se souviennent que ceci n’est pas la première explosion meurtrière qu’a connue notre pays. Déjà, en 2001, une déflagration s’était produite au Camp Alpha Yaya Diallo, faisant des centaines de morts ».

Poursuivant, il demande de remercier le Bon Dieu que toute la ville de Conakry n’a pas été réduite en cendres.

Est-ce qu’une preuve de lucidité furtive, ou chose qu’il aurait souhaité assister, pour se délecter des supplices de ses coupables désignés, comme il le fait dans ce passage qui suit: « Estimons-nous heureux, les génies qui nous gouvernent n’ont pas pour l’instant placé les usines d’acide sulfurique dans les hôpitaux et les gazoducs dans les nurseries. Comme on est en Guinée, on ne saura jamais les causes exactes de cette catastrophe, ni l’ampleur des dégâts matériels ni le nombre exact des victimes ».

Entre l’expression de la haine et le ressenti de Monenembo, il y a du mal de bête à situer son état d’âme. Sans quoi, le bilan a été communiqué au fur et à mesure. Et les causes exactes ont été qualifiées d’incendie.

Dans ses efforts maléfiques à trouver vaille que vaille les coupables, le sieur Monenembo ressasse ses récriminations sempiternelles contre les dirigeants de son pays, aux relents communautaro-politiques, pendant que ces derniers se battent nuit et jour pour résorber la crise qu’éprouvent au quotidien ses compatriotes.

Et c’est au moment où, ses compatriotes sont en deuil, supportent des douleurs atroces, que lui Monénembo, trouve normal, de les traiter de racaille, de plèbe, de roture, de bon à chanter et à danser, au lieu de mettre à profit le peu de notoriété qui lui reste, pour l’adjoindre à la solidarité nationale et internationale mise en branle, grâce à l’excellente organisation élaborée par les autorités de la transition.

Plus insensible encore est l’écrivain Monénembo, lorsqu’il considère que le deuil national et la présence des autorités sur le site de l’explosion devraient précéder l’urgence de la prise en charge sanitaire et humanitaire entière  des  victimes. D’ailleurs, faut-il le lui préciser qu’il leur fallait être sur le site pour pouvoir le faire.

Donc, il ne servait à rien de dénoncer que:
« Comme on est en Guinée, c’est 5 jours après la catastrophe que notre putschiste du 5 Septembre a décrété un deuil national. Comme on est en Guinée, c’est dix jours après, qu’il a pris la peine de se  rendre sur les lieux du drame ».

En dépit de la présence de tous les membres du gouvernement, des présidents des institutions de la transition, très tôt le matin du 18 décembre sur le site, et la mise en place du comité de crise, celui qui était penard, derrière son clavier ce malheureux jour, considère que rien n’en a été.

Animé de mauvaise foi, que pense Monénembo de la pluie de communiqué tombée ce 18 décembre et les jours suivants, pour informer, orienter, coordonner et sensibiliser le peuple de Guinée ?

« Et de toute façon, pour nos jeunes et fringants dictateurs, s’expliquer, c’est se rabaisser : l’opinion publique, c’est de la foutaise, le chef est l’égal des dieux, il ne rend compte qu’à lui-même ».

Celui qui caresse le rêve d’avoir un destin national un jour, comme ses confrères africains, Henry Lopez, Wolé Soyinka, Ahmed Tidjane Cissé, Abdoulaye Sadji croit que son pays est une bombe à retardement. Sans  jamais avoir eu le courage de remettre en question son degré de patriotisme.

Or, ces derniers ont critiqué et proposé avant de mettre le pied à l’étrier. Ils ont accepté de se débarrasser d’une vision politique partisane pour privilégier l’intérêt national.

Plus loin, l’auteur des « Crapauds brousses » réclame explicitement au président, le colonel Mamadi Doumbouya, l’organisation d’élections. Pourtant, il aurait été le mieux placé pour faire savoir que les élections en Afrique n’ont jamais été une panacée.

Ceci dit, chez Paul Biya, Dénis Sassou, Faure Eyadéma, les Deby par exemple, les élections ont-elles sauvé leurs pays du sous-développement ? Le manque de routes, d’hôpitaux, d’écoles, de ponts, d’eaux, d’électricité… n’est-il pas le problème que la Guinée partage avec eux ? Malgré les multiples élections organisées, la pauvreté due à la mauvaise gouvernance n’est -elle pas la chose la mieux partagée avec ces pays frères?

Pour une fois que la Guinée a l’opportunité de se choisir de nouvelles orientations, se fixer de nouvels objectifs; la meilleure contribution  attendue de tous, est l’engagement patriotique sans réserve.

Ibrahima Camara