Tournée de Charles Wright : possible larve de guêpe ! (Édito-Mognouma)

Que retenir de la tournée du ministre de la justice à l’intérieur du pays ? Assez de choses, sans doute. Mais sûrement aussi des polémiques.

Des bribes de ses discours fleuves, mis en ligne par la ribambelle de journalistes qui l’accompagnent, nourrissent les débats les plus passionnants et maintiennent aussi, incontestablement, les projecteurs sur son auteur qui se plait bien dans cette posture rare chez les gardes des sceaux d’ici et d’ailleurs.

Charles Wright aime bien souvent se donner une grande liberté de ton et d’actions au nom d’une indépendance contestable à un ministre d’un gouvernement normal. On a l’impression que chez lui, tous les excès sont possibles pourvu qu’ils soient commis avec élégance et talent. Pas sûr qu’il y a eu de l’élégance et du talent dans les excès à regretter lors de sa tournée.

Pour revenir à cette tournée qui fait sécher les salives, tellement qu’elle a été médiatisée, et à juste raison, il faut bien reconnaitre qu’il y en a eu des actions de salubrité publique.

Les échos qui parviennent à Conakry à partir des zones traversées, sont satisfaisants, quand on n’est pas sceptique.

On apprend à travers des témoignages et bien d’autres canaux, que le garde des sceaux a pu régler des cas d’injustice et autres pratiques malsaines qui étaient devenues la règle de bonne pratique dans nos prisons et tribunaux. Bref, dans les instances judiciaires du pays profond.

On peut citer par exemple l’inexistence de maisons carcérales par endroit avec pour conséquence la promiscuité entrainant la paralysie des prisonniers et des conséquences graves sur la santé de ceux-ci. Cela notamment à Macenta et à Mandiana. Il y a aussi le maintien en prison, pour des raisons de racket, de citoyens ayant purgés leur peine, des procédures volontairement biaisés, aggravées par des abus et des menaces de la part des autorités administratives et judiciaires. Tout cela se passait en public.

Sous d’autres cieux, sous des cieux normaux, c’est inimaginable de procéder ainsi de la part d’un ministre de la justice. A certains égards, le délitement et la disparition, corps et âmes, de l’Etat, depuis des lustres pourraient voiler ces méthodes totalement surannées.

Par ailleurs, il y en a eu aussi de détestables dérapages verbaux de la part de cet homme qui a le goût de la provocation.

A Kankan, Charles Wright s’est doublement fourvoyé.

Parlant de Nanfo, ce prédicateur qui fait dans la profanation de l’Islam et dont le cas est définitivement tranché par la cour suprême, le ministre s’est autorisé une sortie controversée, sur fonds d’échanges discourtois avec le grand imam de la ville, l’autorité morale la plus respectée de la région. Et c’était, d’ailleurs, le couronnement malheureux de ses différentes prises de parole, lors de cette tournée, qui s’écartaient de la mission dévolue à un ministre de la justice.

Il s’est également permis des sorties à l’allure de campagne.

Pour un gouvernement de transition, ça laisse à réfléchir et amène à douter de tous les engagements pris dans le cadre du retour rapide à l’ordre constitutionnel.

Charles doit faire la part des choses, entre communiquer et s’afficher, agir sans fioriture avec moins de passion et d’excès. En procédant ainsi, avec la réputation d’homme courageux qui ne recule devant rien, qui colle à sa peau, il ne sera pas dans la poubelle de l’histoire. C’est l’avis le mieux partagé.

 

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