Est-ce qu’il y a encore des raisons pour croire au changement annoncé par la junte au pouvoir depuis son coup de force intervenu le 05 septembre ? La question est sur toutes les lèvres. Elle est au cœur des débats et alimente les passions les plus folles.
Loin de toute caricature, au fil du temps, avec la succession d’actes qui rappellent et qui perpétuent les anciennes pratiques, les espoirs s’amenuisent.
La boussole de la justice qui doit orienter et guider la transition semble se gripper. Elle s’érode d’ailleurs du jour au jour. On a l’impression d’avoir à faire à une gouvernance qui ne veut nullement déplaire. C’est donc une gestion dictée par la clameur publique. Chez nous, en Guinée, avec les nouvelles autorités, c’est cette clameur publique dégagée par les réseaux sociaux. Ceux-ci, hélas, sont pris en otage par des impénitents délateurs et tortueux, qui ont la prétention abjecte d’être l’opinion majoritaire.
L’affaire Damaro, du nom de l’ancien Président de l’assemblée nationale, sommé de libérer la maison qu’il occupait depuis des décades, dans un délai qui repousse les limites du mépris à la procédure en la matière, est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Bien qu’à ce niveau, on peut édulcorer certaines réactions d’indignation, qui résonnent dans des milieux favorables à des personnes qui peuvent être concernées par cette opération, par extension.
Dans ce dossier tout aussi bien que dans bien d’autres, aussi bigrement entachés par une accumulation de « petites » violations des droits des citoyens, ce qui pose problème, c’est la méthode qui viole toutes les procédures légales.
La junte qui en a conscience, décide de mettre la forme pour le reste de l’opération désormais étendue à tous les anciens dignitaires des différents régimes, sur toute l’étendue du territoire national, de 1958 à nos jours.
L’initiative est salutaire. Elle peut avoir le mérite de ramener à l’État ce qui lui a été spolié par ses cadres.
Cependant, pour un chantier aussi vaste, pendant une transition dont la durée reste une énigme, ça peut nourrir des tentations et aiguiser des appétits pour la continuité au pouvoir.
Il y a donc des risques évidents de glissement, d’où la menace constante de la CEDEAO, le contrepouvoir parfait, le seul pour le moment d’ailleurs, qui refuse de lâcher prise.
Mognouma