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La démocratie guinéenne en question ?

Or, une vie politique épanouie impose une certaine présence de partis d’opposition afin d’ouvrir le débat public et d’oxygéner la vie publique. La seconde ainsi que la troisième République n’ont pas permis l’instauration d’une démocratie stable et d’une certaine stabilité sociale.

Le visage de la démocratie guinéenne témoigne pourtant d’une présence de multiples partis et d’un débat public assez animé, mais très souvent il est difficile de s’identifier à des programmes et à des idées. Il y a une présence de partis avec une certaine doctrine, mais il est très difficile de différencier les lignes et les idéaux politiques. On a ainsi en l’absence d’un débat basé sur les programmes un débat passionné qui ne participe pas à la stabilité sociale.

Par ailleurs, les institutions du pays doivent être renforcées. Il faut une stricte séparation entre les différents pouvoirs consacrés par Montesquieu, il est nécessaire que la justice soit un vrai contre-pouvoir et soit indépendante du pouvoir politique. En Guinée, il y a une forte invasion du politique sur le champ judiciaire. Ce qui s’explique par une forte tradition d’influence du pouvoir judiciaire sur le politique et une proximité entre acteurs de la vie politique et acteurs de la vie judiciaire. Ce qui fait que le pouvoir judiciaire n’est pas totalement indépendant du pouvoir exécutif.

Plus encore, la démocratie est guinéenne est très affaiblie par le pouvoir de coalition. C’est-à­-dire qu’il y a une coalition de groupes d’intérêts qui s’associent, car la plupart de leurs intérêts s’accordent au détriment d’autres groupes d’intérêts. Cette coalition affaiblit la démocratie. Des groupes d’intérêts qui se créent au niveau économique notamment et social conduisent à des monopoles au niveau des marchés publics au détriment de la libre concurrence.

Cette coalition affaiblit aussi la démocratie au niveau politique, car ce sont les groupes d’intérêts politiques avec des intérêts majoritaires qui s’associent au détriment d’autres groupes minoritaires. Tout fonctionne comme l’analyse de Saez et Thomas Picketty sur l’économie de coalition. En Guinée, c’est presque une démocratie de ‘’coalition’’ qui s’impose au détriment de la vie publique du pays.

Il faudrait ainsi que la démocratie guinéenne ait plus de vitalité. Pour cela, il faudrait former une élite consciente et apporter une vitalité aux institutions, mais aussi aux hommes publics dans toutes les sphères politique et juridique, voire même apporter du sang neuf au sein de nos forces de défenses.

Redonner de l’oxygène à la vie politique guinéenne et à sa démocratie suppose aussi l’instauration d’une charte de la bonne gouvernance afin de redonner à notre démocratie une image plus positive, plus acceptable et plus conforme à ce qu’elle devrait être devant une communauté internationale très regardante et observatrice…

Par Alseny THIAM

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