Le Barreau de Guinée vient de résoudre une difficulté qui risquait de déboucher sur une crise majeure susceptible de fragiliser la profession d’avocat en Guinée.
En effet, les avocats établis dans le ressort de la Cour d’appel de Conakry avaient créé il y a quelques semaines un barreau conformément à l’article 16 de loi 014 du 26 mai 2004. Cette nouvelle avait fait l’effet d’une bombe dans le milieu des avocats.
Certains avocats, mécontents de ce qu’ils considéraient comme le résultat d’une manipulation venue de Conakry, avaient suggéré des sanctions disciplinaires contre les » indépendantistes « .
Mais d’autres, plus prudents, avaient préconisé la voie de la négociation en se fondant sur le fait que les avocats du » Barreau de Kankan » avaient la loi de leur côté et n’avaient donc commis aucune faute. Cette dernière proposition a été réitérée lors de l’assemblée générale des avocats tenue dans le 24 décembre dernier dans un réceptif hôtelier de la place et approuvée par un bon nombre d’entre eux.
Dans la foulée, une commission composée notamment d’anciens bâtonniers a été mise en place pour dialoguer avec les avocats à la base de la création d’un second barreau. Ces derniers ont accepté le principe du dialogue et se sont rendus à Conakry à cet effet. Au cours de la rencontre qui s’est déroulée le vendredi 7 janvier, la question de l’opportunité de la création d’un second barreau a été largement évoquée.
Après plusieurs heures de débats, chacun a fini par admettre le principe d’un barreau national d’autant plus qu’à l’exception du Nigeria, il n’y a aucun pays de la sous-région qui compte deux barreaux. Certains avocats estiment que la tentative de création d’un second barreau était une forme de réaction contre les résultats du dernier examen du Certificat d’aptitude à la profession d’avocat ( CAPA).
Mais au-delà, ils pensent qu’il faut revoir la loi sur la profession d’avocat en Guinée qui, dans plusieurs de ses dispositions, est devenue obsolète.
À titre de comparaison, il est clairement indiqué dans les pays voisins l’impossibilité de créer un second barreau. La Guinée ne devrait pas faire exception au risque de porter un coup sérieux au Barreau de Guinée qui n’a de force que son unité.
Mohamed Bangoura