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LE COVID 19, LA CRISE DE TROP EN GUINEE

En cette dure période faite d’incertitude et de menace existentielle du genre humain, il me revient d’apporter ma contribution dans la recherche des mesures d’endiguement pour juguler au mieux, les effets de cette crise sanitaire due au COVID 19. Et de façon très particulière pour notre pays, je déplore notre passage d’une crise socio politique caractérisée par de vives tensions sociales non résolue à une autre plus périlleuse et qui apparaît comme un vrai coup de massue.
En effet, à l’instar de tous les États confrontés aux effets pervers et dévastateurs de ce virus, la Guinée développe aussi sa résilience vis à vis de ce péril majeur. Mais, il ressort de plusieurs constats que si au sommet, il se dégage une farouche volonté d’apporter des réponses idoines, il n’en demeure pas moins un scepticisme dû aux vieux réflexes récurrents et érigés en seconde nature, où, le clanisme est légion. Cette donnée managériale est d’autant plus déterminante que si les traditionnels dysfonctionnements des pouvoirs publics perdurent, il est à craindre de fâcheuses conséquences sur l’ensemble de l’efficacité de la riposte.
Il m’a dores et déjà été donné de constater quelques failles. En outre, ici je m’évertuerai à faire des suggestions si besoin en est :
1. LA NON VULGARISATION DE LA STRATEGIE NATIONALE DE RIPOSTE : à ce jour, peu ou prou connaissent les différents axes stratégiques autour desquels s’articulent la riposte, ceci a l’avantage, une fois corrigée de permettre aux spécialistes désireux d’apporter leurs contributions dans leur domaine de compétences. D’ailleurs, le danger serait un remake de celle liée à Ébola qui, certes a un taux de létalité plus élevé que le COVID 19 mais plus facile à éviter (transmis par un sujet facile à reconnaître). La particularité du COVID 19 étant la grande psychose qui l’accompagne et le ralentissement économique inhérent. Nul doute que la grande paupérisation qui s’y rattache et les grandes mesures d’assistance humanitaire à déployer sont à garder à l’esprit. Elle nécessitera un nombre important d’acteurs, sans perdre de vue que plus vite sera contenu la menace du virus ou son contrôle effectif, tant mieux sera pour nous.
Par ailleurs, si notre premier atout réside en la grande et riche expérience de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSS) dans la gestion des crises sanitaires à caractère épidémiologique, cette fois-ci, il faut absolument placer la coordination au niveau Politique ;
2. LA MAUVAISE CAPITALISATION SUR CERTAINS ACQUIS DU PASSE : le perpétuel recommencement a toujours été un sport favori national. Sinon, comment comprendre que le projet phare « One health ou une seule santé » financé par un consortium de Partenaires Techniques et Financiers sous la coordination de l’ANSS et qui a produit de précieux outils dans la coordination de la communication d’urgence en période de crise sanitaire a du mal à être mis en œuvre ? nul doute que son utilisation efficiente, pourrait vite combler ces déficits et manquements graves dans la bonne coordination de la communication.

3. LE MUTISME BEANT ET COUPABLE DU MONDE SCIENTIFIQUE GUINÉEN : Il est navrant et très choquant de constater un mutisme total du monde scientifique guinéen face aux challenges liés à cette pandémie. A titre d’exemple, à cause de la menace du Covid 19, nous sommes passés d’État d’urgence sanitaire à État d’urgence sans que des spécialistes expliquent ce qui s’est réellement produit dans la vie du citoyen et toutes les exigences liées à cette période exceptionnelle que nous vivons. Quelles sont ses conséquences sur les libertés collectives et individuelles ? Sans transition, nous passons aussi à une « Nouvelle République » qu’est ce qui va changer ?

Au niveau des spécialités cliniques, de célèbres professionnels refusent de s’exprimer par peur de représailles contre eux. Ils veulent requérir le feu vert de certaines autorités administratives ?! que font – ils de leur franchise universitaire ? sans leur dédouaner, si aucun protocole ne l’exige, en Guinée, les suspicions sont toujours grandes, surtout quand il s’agit de communiquer. Vous pouvez vite être perçu comme un concurrent (adversaire à abattre plus tard) !

A ce jour, nos seules données, nous les devons aux communications des spécialistes du Nord ou de la sous-région dans certains organes de presse étrangère. Les réalités étant différentes, nous risquons comme toujours de manquer d’initiatives et de solutions appropriées et adaptées à nos réalités. Nous restons de façon éhontée, arrimés aux données outre-Atlantique qui pourraient ne pas nous concerner. Présentement, avec les premiers cas au sein de la presse, qui pour orienter nos pauvres journalistes dans l’exercice de leur noble métier avec les mesures de protection qui s’impose dans la manipulation des outils de travail dans la couverture de cette guerre asymétrique ?

4. ELABORATION DE TDR D’UN CENTRE NATIONAL OU QUARTIER GENERAL DE COORDINATION DE LUTTE CONTRE LE COVID 19 ET SES DECONCENTRATIONS : malgré l’instauration de l’État d’urgence qui donne de pouvoirs étendus aux autorités investies du pouvoir de police administrative, il serait important de mieux baliser cette intervention publique. Ceci est d’autant important que les mesures barrières évoluent. Anticiper par une meilleure coordination-terrain pour instaurer avec rigueur cette discipline indispensable pour rompre la chaine de contamination ou la propagation sera un pari à gagner.
Des TDR bien précis, l’identification des acteurs et leurs taches bien définies aussi auront pour avantages, l’efficience dans l’intervention.
Plusieurs autres actions seront complétés à différents niveaux en fonction des exigences nouvelles car nous sommes dans un contexte inédit.

Souleymane DOUMBOUYA
CONSULTANT SOCIO ECONOMIQUE

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