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Le ministre d’Etat Kiridi Bangoura brise le silence. Il dit tout sur l’élément sonore qui l’accuse sur la toile.

Le ministre Kiridi Bangoura, a reconnu le « mérite » du Général Sékouba Konaté, dans la réussite de la transition militaire que ce dernier présidait la veille de la présidentielle de 2010. La conversation tenue, il y a environ deux ans, est ressassée à un peu plus d’un mois de la prochaine présidentielle. Depuis quelques jours, le débat suscité  par un élément sonore qui est devenu viral sur la toile occulte ce qui devait être la preoccupation du moment, la présidentielle du 18 octobre 2020. L’élément en question met en cause le puissant le ministre d’Etat, ministre secrétaire général de la Présidence. Manipulation ou adversité ? L’intéressé répond à toutes, dans une interview accordée au site Guinée 7 dont nous livrons l’intégralité

Guinee7.com : Vous auriez reconnu, dans un audio largement diffusé dans les médias, l’aide de l’ancien président de la transition, Gal Sékouba Konaté, à l’élection du président Alpha Condé. Que s’est-il réellement passé ?

Kiridi Bangoura : D’abord, je voudrais situer le contexte de ce qui semble être cette forfaiture sonore. Lors d’une mission officielle en France, le président de la République de Guinée, le professeur Alpha Condé, m’a mandaté avec l’Ambassadeur pour rendre une visite de courtoisie et de soutien moral au Gal Sekouba Konaté. Ce que nous avons fait. L’entretien a duré plus de trois heures. Où nous avons essayé de renforcer les liens entre le Gal Sekouba Konaté et le président Alpha Condé et de montrer les progrès que le pays était en train de réaliser. Mais aussi le conscientiser sur le fait que peu ou prou, il était l’un des acteurs de ces changements, parce qu’il a favorisé une transition vers la démocratie. C’est le contexte.

Le document est un délit. C’est un faux. C’est un montage. C’est une falsification grossière

Et le document sonore?

Le document est un délit. C’est un faux. C’est un montage. C’est une falsification grossière. Et je crois que sur trois heures d’entretien ; ils ont tout fait en 6 minutes de trouver des éléments qui pourraient, semble-t-il, nuire à telle ou telle personne. Mais, je crois que vous avez écouté l’entièreté de l’enregistrement, il n’en est rien. Je ne vais même pas faire crédit à la bassesse d’y ajouter un procès. On sait qui a fait ça. Et il paiera ça devant Dieu, devant les hommes. On sait qui a fait ça, parce que depuis quelques jours tout le monde sait ce qui s’est passé. Revenons à la conversation tenue avec le Général. J’ai dit exactement au Gal Sekouba que s’il n’avait pas accepté de lâcher le pouvoir, et de ne pas écouter ceux autour de lui qui voulaient garder le pouvoir, nous ne serions pas au pouvoir aujourd’hui. Parce qu’il n’aurait pas facilité la transition. Deuxièmement : quand entre les deux tours, il s’est agi de corriger toutes les anomalies du premier tour, les 24 points que nous avons identifiés, s’il n’avait pas accepté cela, il n’y aurait pas eu d’élection démocratique. Nous ne serions pas au pouvoir aujourd’hui. C’est exactement ce que j’ai dit.

Les 27 points ont permis d’avoir un deuxième tour transparent qui a vu la victoire du président Alpha Condé

Revenons aux 24 points. Nous avons recensé 24 points de défectuosité sur le système électoral. Pour vous résumer ; parfois, nous avions des électeurs qui étaient à 50 kilomètres de leurs bureaux de vote dans nos zones favorables. Nous avions dans les zones comme Conakry, des bureaux de vote qui changeaient de place à la dernière minute perturbant nos électeurs. On a recensé tout cela, et ça été acté même par notre adversaire de l’UFDG. Qui a ajouté trois autres points aux 24 points. Les 27 points ont été validés par un conseil des ministres présidé par Jean Marie Doré. Les mêmes 27 points ont été approuvés par la communauté internationale. C’est-à-dire la CEDEAO, l’Union africaine, l’Union européenne, les Nations-Unies et la francophonie ont toutes validé la réalité de ces 27 points à améliorer pour aller au deuxième tour. C’est ces 27 points que le général malien (Siaka Toumani Sangaré, NDLR) qui a présidé la CENI au deuxième tour a appliqués pour qu’on puisse avoir les résultats transparents qu’on a eus. C’est ce que j’ai dit. Ni plus ni moins ! Et encore une fois, ces 27 points ont permis d’avoir un deuxième tour transparent qui a vu la victoire du président Alpha Condé.

Vous avez parlé à un ami du général Konaté, à l’époque, c’était pour qu’il favorise votre candidat ?

Je voulais éviter qu’on triche notre candidat. J’ai vu un ami commun à Sekouba Konaté et à moi, pour lui dire : dis-lui de simplement rester dans la loi. La loi dispose qu’il y a 38 circonscriptions dans notre pays, qui sont gérées par des commissions administratives de recensement des votes. Présidées par des magistrats désignés par la cour suprême à l’époque. Par la cour constitutionnelle maintenant. Ces magistrats quand ils finissent leur travail, le PV des résultats d’une circonscription électorale est un objet de droit. Une administration ne peut pas changer ces résultats, une CENI ne peut pas changer ces résultats. La seule chose que la CENI peut faire, c’est de corriger les erreurs de calcul éventuellement et vérifier la régularité matérielle. Pour preuve, quand on finit les PV, les partis politiques candidats ont chacun une copie ; la CENI a une copie ; l’administration du territoire a une copie et une copie mère est déposée à main propre au greffe de la cour suprême à l’époque ou de la cour constitutionnelle aujourd’hui. Le magistrat vient avec le PV. Il faut éviter que le PV que le magistrat remet soit différent du PV qui est passé par la CENI. Parce que dans ce cas, il y aurait un contentieux ingérable. Et seul le PV du magistrat est valide devant la cour suprême. Donc je lui ai donné le conseil de ne pas toucher aux résultats qui viennent des circonscriptions. De les livrer en tant que tels. Si un candidat ou l’autre a des revendications, de s’adresser directement à la cour. Voilà ce que j’ai dit.

je ne servirais de bouc émissaire à qui que ce soit et je ne perdrais jamais mon éducation et ma courtoisie pour quelque raison que ce soit

Je le dis ici plus haut qu’ailleurs, rien n’a été fait pour distordre d’une manière ou d’une autre les résultats des élections de 2010. Je sais que d’autres que Sekouba, peut être le premier ministre Doré, d’autres hauts cadres de l’Etat, se sont levés, de bonnes volontés, pour assurer la régularité de l’élection de 2010. Cette élection a été arbitrée par toute la communauté internationale solidaire. Les deux vainqueurs du premier tour sont les deux vainqueurs du premier tour. Le vainqueur du second tour est le vainqueur du second tour. Les Nations-Unies le savent. La CEDEAO le sait. L’Union africaine le sait. L’Union européenne aussi. La francophonie le sait. Donc, je crois que parfois pour avancer, il ne faut pas oublier le passé. Mais, il ne faut pas faire du passé son avenir. Quand on met son avenir dans le passé, généralement au lieu d’avancer, on recule. Il faudrait que les gens puissent avoir la foi et la conviction. Et qu’on se prépare aux élections calmement. Mais, je ne servirais de bouc émissaire à qui que ce soit et je ne perdrais jamais mon éducation et ma courtoisie pour quelque raison que ce soit.

Le général Konaté n’avait aucune prise sur le système électoral

Le général Sekouba Konaté a souvent été accusé d’avoir manipulé les élections de 2010 en faveur du président Condé. Cela était possible ?

Techniquement, juridiquement, administrativement, cela était impossible. Le général Konaté n’avait aucune prise sur le système électoral. Le système électoral était géré par la CENI et les acteurs électoraux dont les premiers sont les partis politiques. La communauté internationale était fortement impliquée dans l’organisation des élections en République de Guinée. Toutes les ambassades des grandes puissances avaient les résultats avant que la CENI même ne prononce les résultats. Les partis politiques bien organisés comme le RPG Arc-en-ciel avait mis en place un système qui lui a permis d’avoir les résultats avant 14h le lendemain de l’élection. Donc chacun a suivi ces élections avec beaucoup d’engagements à l’époque, avec beaucoup de préciosité. Il y a même une sorte de savoir professionnel que les grands partis politiques, en tout cas le RPG et l’UFDG, doivent à ces élections. Parce que ce sont des élections qui ont été très éprouvantes.

Interview réalisée par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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