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Le talent deThierno Monenembo n’est pas excuse.

Quand l’intellectuel se trompe et surtout quand il ment, le talent n’est pas une excuse, c’est une circonstance aggravante’’ (Mario Vargas Llosa).

Thierno Monenembo est un intellectuel talentueux, reconnu à l’échelle internationale pour ses œuvres littéraires et ses tribunes dans des médias de référence. Malheureusement, il n’a pas échappé à la stratégie politico-ethnique que mettent en place des grilleurs d’arachide transformés en hommes politiques.

Rappelons-nous qu’à la veille des élections de 2015, le camp de Cellou Dalein pour barrer la route à Alpha Condé, avait annoncé une alliance avec Dadis, l’ancien putschiste qu’il accusait quelques temps auparavant de tous les noms d’oiseaux. A l’époque beaucoup s’étaient indignés de cette attitude étrange mais des proches de Dalein n’en finissaient pas de développer des thèses analysant, expliquant et, finalement, justifiant ce ‘‘coup de maître politique’’.

Comme Monenembo, une bonne partie de l’intelligentsia guinéenne avait choisi de mettre au-dessus de la morale et de l’éthique sa haine viscérale contre Alpha Condé et tous ceux qui empêchaient Cellou Dalein Diallo de devenir président.

Arrêtons cette hypocrisie qui nous empêche de voir la réalité en face ou plutôt, de l’exprimer telle qu’elle est. Nous savons tous les mécanismes qui sous-tendent ce soutien aveugle de Monenembo en faveur du président de l’UFDG.  La question n’est plus à ce niveau.

Ces intellectuels, et particulièrement Thierno Monenembo, sont sensés mettre à profit leur talent, leur notoriété, leur charisme et leur impact médiatique pour servir des valeurs universelles. Malheureusement, ils n’ont pas eu l’honnêteté intellectuelle de reconnaître que l’alliance Cellou-Dadis n’entrait pas dans le cercle de ces valeurs.

Là où l’éthique est interpellée c’est que Monenembo n’a pas le courage de tomber le masque.

Ceux qui admirent ses œuvres sont en droit d’attendre de lui qu’il avance à visage découvert. Celui de partisan inconditionnel de CellouDalein Diallo et non celui de prétendu défenseur impartial de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme.

Les mots sont bien choisis : Thierno Monenembo est d’une part partisan, d’autre part inconditionnel.

Premièrement, cela signifie qu’il ment lorsqu’il dit qu’il n’est pas membre de l’UFDG. Il ment lorsqu’il dit qu’il est du côté des opprimés quel que soit leur camp. Il ment lorsqu’il se présente à l’opinion publique et dans les médias internationaux comme un « observateur neutre et objectif » de la situation politique en Guinée.

Deuxièmement, cela signifie qu’il ne condamnera jamais un acte de Cellou Dalein Diallo quelle que soit l’erreur ou l’abjection que ce dernier commettra. Le président de l’UFDG pourrait encaisser des milliards à titre de dédommagement personnel sur le dos de ses militants, ou pire en feignant d’être surpris d’un transfert « errant » qui serait tombé dans son « compte », que cela ne ferait pas ciller Monenembo. Dans ces conditions pourquoi espérer qu’il s’offusque à l’époque, d’un pacte avec le principal responsable supposé du massacre et des viols de ces mêmes militants ? Pour espérer un sursaut de lucidité de la part de l’écrivain qui voudrait défendre coûte que coûte celui qui a été l’un des plus acerbes pourfendeurs de Dadis et de sa junte ?

Avançons. Récemment, notre écrivain a sorti de son artillerie lourde des grossièretés contre le président malien, IBK, qui a commis le crime absolu de donner son avis sur l’actualité politique en Guinée. ‘‘Décidément, ces idiots de chefs d’Etat africains n’en finiront jamais de saigner et d’humilier leurs peuples ! Ces politicards de quatre sous, ces satrapes sans talent et sans vergogne sont prêts à tout pour satisfaire leurs bas instincts. Rien d’autre ne les préoccupe que leur braguette et leur ventre : ni l’éducation ni la santé, ni la cohésion nationale ni l’image de l’Afrique. Leurs citoyens peuvent crever, le continent se disloquer, pourvu qu’ils se repaissent de bonne viande et de belles femmes’’, a extrapolé Monenembo, dans son style inimitable.

Bien avant cette sortie, il demandait à l’opposition (en réalité à l’UFDG) de ne pas participer aux législatives. Parce que selon lui, Alpha Condé a mis en place un système qui consiste à ‘‘gonfler le nombre des électeurs dans les fiefs qui lui sont favorables, quitte à enrôler des mineurs de 10 ans. (Par exemple, au dernier recensement, ses statisticiens ont tenté, sans rire, de nous prouver que Kankan serait plus peuplé que Conakry.) Et à l’inverse, réduire au maximum celui des fiefs favorables à l’opposition tout en compliquant l’inscription sur les listes électorales et la délivrance des cartes d’électeurs. Apparemment, il a donné l’ordre à ses sbires d’endurcir ce système machiavélique, l’enjeu étant cette fois mille fois supérieur’’.

Cette réaction de Thierno Monenembo est l’illustration parfaite des petits arrangements avec l’éthique et la morale qu’un écrivain aussi réputé et respecté que lui peut accepter pour continuer à soutenir son protégé tout en paraissant conserver sa neutralité.

Monenembo, il faut avoir le courage de le dire, ne condamne que dans le sens de l’UFDG ; ne s’émeut que quand les intérêts de ce parti semblent compromis. Lui, le grand « intellectuel neutre », « défenseur des droits » à ses heures perdues, n’a jamais fait de son cheval de bataille, la recherche de la vérité dans l’assassinat du journaliste de www.guinee7.com, Koula Diallo, au siège du parti de Cellou Dalein Diallo.

Cette autre attitude ne devrait pas étonner, dès lors qu’à l’annonce de l’alliance Cellou-Dadis, notre écrivain avait bâti toute sa réflexion de manière à aboutir à la conclusion que ‘‘Cellou Dalein Diallo n’a nullement vendu son âme. Il a simplement joué un joli coup de poker. Il a pris les devants et coupé l’herbe sous les pieds de ses petits camarades’’. Et pour faire bonne mesure, à l’époque, il n’a pas pu s’empêcher d’ajouter une autre assertion gratuite : ‘‘C’est cette nouvelle donne inattendue qui a semé la panique à la présidence guinéenne. ’’ Si on ne connaissait le dénouement de cette présidentielle haletante de 2015, on aurait applaudi !

En réalité, Monenembo, en plus de son incapacité à dépasser ses préférences politiques, ajoute la lâcheté de ne pas les assumer. Cela devient désespérant pour notre jeunesse qui en est réduite à avoir un imposteur et pathétique manipulateur pour modèle. Et pas besoin d’être tout bleu dans son verre pour chercher son courage…

Faut-il faire un dessin pour Monsieur Monenembo pour qu’il comprenne qu’être un partisan inconditionnel de Cellou Dalein Diallo n’est ni une maladie honteuse ni un crime et qu’il a le droit de faire partie d’un bon nombre de Guinéens qui votent pour lui ? De grâce, assumez Monsieur l’écrivain !

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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