Tandis que le nombre de cas de Covid repart à la hausse en Europe, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a exhorté les villes-hôtes à un meilleur suivi des spectateurs de l’Euro de football.
Faut-il y voir les prémisses d’une quatrième vague ? Les cas de Covid-19 ont recommencé à augmenter la semaine dernière en Europe, après dix semaines consécutives de recul, a annoncé jeudi 1er juillet l’OMS, sur fond de progression du variant Delta et de craintes de propagation du virus avec les matches de l’Euro.
« Il y aura une nouvelle vague dans la région européenne, sauf si nous restons disciplinés », a prévenu le directeur de l’OMS Europe, Hans Kluge, lors d’une conférence de presse en ligne.
Interrogée sur les inquiétudes liées aux derniers matches de l’Euro de football alors que les cas augmentent dans certaines villes organisatrices (Londres, Bakou et Saint-Pétersbourg), l’OMS Europe a appelé à mieux suivre les spectateurs, pas seulement dans les stades.
Après dix semaines de baisse continue, le nombre de contaminations a augmenté, la semaine dernière, de 10 % dans la région Europe (53 pays) – en raison, selon Hans Kluge, « de l’augmentation des brassages, des voyages, des rassemblements et de l’assouplissement des restrictions sociales ».
L’OMS Europe prévoit que le variant dit Delta, initialement détecté en Inde, devienne « dominant » d’ici août, confirmant la projection du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).
L’organisation s’attend à ce qu’il soit à l’origine de 70 % des nouveaux cas européens début août – et 90 %, fin août.
« Mais en août, la région ne sera pas pleinement vaccinée » et « largement sans restrictions », a souligné H. Kluge, rappelant que 63 % des Européens n’avaient pas encore eu la première dose.
« Ce que nous observons, c’est qu'(une nouvelle vague) pourrait arriver avant l’automne », a mis en garde Catherine Smallwood, une autre responsable de l’organisation sanitaire onusienne.
Ce variant Delta est entre 40 et 60 % plus transmissible que l’Alpha, d’abord détecté au Royaume-Uni, selon les études disponibles.
Qu’elles soient menées en laboratoire ou qu’elles s’appuient sur les cas réels détectés, les études convergent sur un point : recevoir une seule dose de vaccin n’apporte qu’une protection limitée contre le variant Delta.
Appel à la vigilance
Interrogé sur le risque que l’Euro de football joue le rôle de « supercontaminant », Hans Kluge a répondu : « J’espère que non, mais je ne peux pas l’exclure ».
Les villes-hôtes des derniers matches de l’Euro de football doivent assurer un meilleur suivi de la circulation des spectateurs, y compris avant leur arrivée et après leur départ du stade, selon l’OMS.
« Nous avons besoin de regarder bien au-delà des stades eux-mêmes », a souligné C. Smallwood, interrogée sur les recommandations face à la hausse des cas à Londres et Saint-Pétersbourg, et depuis peu à Bakou.
La capitale britannique doit accueillir les demi-finales et la finale du tournoi la semaine prochaine ; la deuxième ville russe sera le théâtre, vendredi, du quart de finale entre la Suisse et l’Espagne. Quant à la capitale de l’Azerbaïdjan, elle accueille Danemark-République tchèque samedi.
Plusieurs centaines de cas ont été détectés chez des spectateurs de matches de l’Euro, notamment des Écossais de retour de Londres, des Finlandais de retour de Saint-Pétersbourg ou des spectateurs dans le stade de Copenhague qui se sont avérés porteurs du variant Delta.
« Ce que nous devons regarder autour des stades, c’est comment les gens s’y rendent. Est-ce qu’ils se déplacent dans des convois de bus bondés ou est-ce qu’ils appliquent des mesures individuelles? », a souligné C. Smallwood.
L’OMS Europe appelle aussi à veiller aux activités des spectateurs à la sortie du stade. « Vont-ils dans des bars ou dans des pubs très fréquentés ? »
Au-delà de l’Euro de football, l’organisation onusienne recommande une grande vigilance pour tous les grands rassemblements de l’été.
Avec AFP